Les trésors cachés – Ep.18 : Cloud – Comfort Songs

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Dans une autre vie, il n’y a pas si longtemps, je vivais en colocation avec deux drôles de zigs : une professeure des écoles aux cheveux rouges, reine de la micro-sieste, et un propagateur de bonnes nouvelles, facétieux et passablement bouchonné.

On formait une sacrée équipe. Genre les Trois Mousquetaires, sauf que, le plus souvent, on était dix. Les amis des uns devenant les amis des autres, l’appart s’est vite transformé en moulin. Pareil avec les bouteilles des uns qui devenaient celles des autres et ne mettaient pas longtemps à toucher le fond. 

On ne s’ennuyait pas. Les voisins non plus. Régulièrement, on leur jouait la sérénade depuis notre balcon. Une ou deux fois, il s’en est trouvé un mal luné pour appeler les flics. Mais, à part ça, c’était la vie de patachon sur petit nuage de fumée. Des nuits entières passées à combattre le lendemain, à se mettre des grandes claques dans le dos, à se tenir les côtes, à engueuler le chat qui pisse n’importe où et à composer des chansons que personne n’écouterait jamais.

I’m gonna take off for my last ride on the moon / Don’t be so sorry that you couldn’t even come with me / It was your dream / But please stop screa-ea-ming…

Trois mots d’anglais griffonnés sur un coin de table. Une suite d’accords bricolée en deux temps trois mouvements. Et elle est apparue comme une évidence : Last Ride on The Moon, la meilleure chanson de coloc jamais écrite… Du moins, c’est ce que je croyais avant de tomber comme deux ronds de flan sur l’album Comfort Songs de Cloud et d’en écouter la première piste Cars & It’s Autumn.

Sorti sur le label Audio Antihero (auto-proclamé “spécialiste en suicide commercial”), Comfort Songs est l’œuvre de Tyler Taormina, un jeune homme de 21 ans qui se rend compte qu’il est en train de devenir adulte et qui ne veut pas y aller parce que ça craint. Alors, il essaie à tout prix de retarder le moment, ou de l’adoucir. Entouré par sa chorale d’amis, il chante des phrases magiques comme “it’s funny how I’m happy now, singing about my sadness” . C’est beau comme un paradis dont on serait foutu dehors par un videur mal embouché. Le truc con avec le bonheur, c’est qu’il ne dure jamais. Mais, au moins, avec Comfort Songs, on a de quoi s’offrir du réconfort en boucle.

Ne me demande pas, ami lecteur, à quoi ressemble ce disque. A Conor Oberst qui aurait pris Perfume Genius en stop. A plein de choses différentes. A rien de vraiment identifiable, au final. C’est juste un album à mettre dans les oreilles de tous ceux qui essaient de rester optimistes malgré tout.

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