Ça commence par un jour qui se lève. Le vent souffle dans les blés. Dans le ciel, un soleil timide tente de percer les nuages. C’est un matin comme les autres, unique et insignifiant. Un matin qui ne demande rien à personne. Un jour tellement ordinaire qu’on aurait pu l’oublier ou le laisser prendre la poussière dans un coin. Et pourtant, ce matin, je m’en souviens. Je m’en souviens très bien.

J’ai ouvert les volets. Rien n’avait changé et pourtant, tout semblait différent. Les yeux plissés, je regardais le monde, comme un détenu recouvrant sa liberté. Rien n’avait changé, chaque chose à la même place et, pourtant, tout me semblait infiniment possible. Il faudrait juste réapprendre. A respirer, à vivre, à aimer. Jour après jour. Dia a dia.

Caché derrière les herbes folles, je redécouvre peu à peu le goût des choses simples. Je me laisse envahir par le charme discret des chansons de Filip Chrétien. Elles ne crient pas sur tous les toits. Elles ne roulent pas des mécaniques. Elles sont juste là, presque nues, sans fard, belles comme le lever du jour. Elles s’écoulent comme une rivière paisible, fragiles et indispensables.

Je les écoute et je ressens une forme d’évidence. Elles me parviennent sans filtre, comme si elles ne s’adressaient qu’à moi. Communication parfaite, pure de tout parasitage. Comme si Filip Chrétien et moi, nous cheminions de concert, comme si nous longions le même cours d’eau, comme si nous regardions dans la même direction. Elles m’en rappellent d’autres qui me firent le même effet : Murat, Miossec, Darc, observateurs attentifs, peintres des sentiments.

Filip Chrétien n’est pas du genre à faire le beau. Ses failles, ses doutes, ils les partagent aussi, avec beaucoup de délicatesse. C’est ça qui le rend précieux et, si sa sincérité et sa modestie vous touchent, peut-être aurez-vous envie, amis lecteurs, à votre tour, de cheminer à ses côtés.