Made in France : Arman Méliès – Vertigone

Browse By

Où il est question de roi fainéant, d’étreintes absentes, de guitares incendiaires et d’armure pour embraser les foules…

Un nouveau jour se lève sous un autre soleil. Dehors, le monde a continué de tourner. Mais, moi, je suis là, immobile, incapable de faire le premier pas. Du matin au soir, je regarde les jours d’avant se délaver à l’usure du temps qui passe. Je suis une statue de glace, un roi fainéant, affalé sur mon nombril. Je m’affaisse, je m’efface sous le poids des ennuis. Mes désirs sont à sec et mes étreintes absentes.

C’est l’hiver dans mon âtre et les braises sont éteintes. Je me souviens d’un temps où je rêvais encore. Les lits verts du printemps succédaient à l’hiver. L’amour trompait la mort. Des incendies naissaient dans mon ventre, jusqu’à ce que tu m’épuises. Nous étions beaux alors. Des litres d’essence dans le moteur et, devant nous, à perte de vue, une ligne droite. Nous étions beaux alors mais qu’est-ce qu’on était cons !

Le temps ne fait pas crédit et mes cheveux grisonnent. A quoi bon devenir vieux si l’on n’a pas vécu ? On va refaire le plein et reprendre la route. Rendez-vous dans une heure à la station-service… Est-ce que tu as du feu ?

Le feu qui réchauffe, qui nourrit, qui consume, qui dévore, c’est l’élément central de Vertigone, le nouvel album d’Arman Méliès. Après la cryogénie synthétique de AM IV, qui confinait au sublime, le contrepied aurait pu s’avérer casse-gueule. Avec son nouveau look d’ange déchu et ses guitares incendiaires, Arman Méliès risque sa peau à chaque seconde. D’ailleurs, à la première écoute, j’ai failli passer à côté. Je trouvais les deux premiers morceaux trop pop, trop propres, trop faciles. J’avais tout faux.

Car, sous ses abords plus classiques, Vertigone ressemble en réalité à une course folle au bord d’un volcan en fusion. Il fallait s’aventurer plus loin, se rapprocher du foyer. Il fallait reprendre son souffle pour tenir la distance, ne pas laisser les ponts se dérober sous ses pieds. Et après ? Le feu, l’incendie, la renaissance, la métamorphose… Le compositeur au charme discret est devenu un rockeur classieux. Même sa voix semble transfigurée. En quelques hymnes rock, le “confidentiel” Arman Méliès s’est forgé une armure pour embraser les foules.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Afficher les boutons
Cachez les boutons