Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.149 : Nick Hill

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Où il est question de piscine de plein air, de ballet aquatique, de chats imaginaires et de couloirs blafards…

Le monde est une piscine de plein air un après-midi d’été. Sous le soleil, les nageurs émérites sont comme des poissons dans l’eau. Muscles bandés, regard déterminé, ils glissent sans résistance vers le grand bassin et, arrivés au bout, font demi-tour d’une cabriole gracieuse. Les plus habiles flottent sous la surface pendant quelques secondes interminables avant d’émerger, ruisselants et fiers.
D’autres, moins sûrs d’eux, se débattent péniblement contre les éléments. Ceux-là restent près des bords, toujours à portée de main d’une bouée, d’une perche ou de n’importe quel objet auquel se raccrocher. Ils ahanent sous le poids de l’effort, peinent à reprendre leur souffle. Chaque seconde leur paraît un combat, chaque mouvement un pas de plus vers une inéluctable noyade.
Moi, je ne nage pas. Je regarde de loin le ballet aquatique de ceux qui se jettent à l’eau. Enfermé dans mon esprit, je fouette des chats imaginaires.
“Laisse-moi sortir, laisse-moi sortir, je suis coincé à l’intérieur de ma tête”, chante l’Australien Nick Hill sur le titre Silk. Et je vogue à ses côtés sur cette mélodie planante et mélancolique, je crawle sans effort sur la mer de ses pensées. C’est tellement plus simple d’imaginer que de nager vraiment.

Nick Hill

Il y a chez Nick Hill quelque chose de l’ordre de la dissimulation, du camouflage. Pour vivre heureux, vivons cachés, sous une tignasse, sous une capuche, mais pas seulement. Sur les trois titres de son premier EP, il y a comme une forme d’effacement, une volonté, dirait-on, de ne pas déranger, de se fondre dans le décor. Et en effet, l’instrumentation est sobre, dépouillée, dépourvue d’artifices.

On se croirait à la fin d’une fête. Les corps et les lumières s’éteignent doucement mais un mystérieux inconnu encapuchonné hante les couloirs blafards de votre appartement. Vous esquissez un mouvement pour le retenir. Mais il ne se retourne pas. Alors, vous suivez le son de sa voix. Vous n’avez aucune idée de là où ça vous mènera mais vous n’avez pas d’autre alternative. Et vous sentez bien que si vous ne vous accrochez pas à cette apparition, vous pourriez le regretter. Voilà le genre de personne qu’est Nick Hill.

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