Les Belges de Wallace Vanborn pratiquent un stoner rock puissant et salutaire, à découvrir sur l’album The Orb We Absorb.
J’ai du mal à m’endormir, alors je garde les yeux ouverts et, par la fenêtre de mon troisième œil, je compte les moutons. Un mouton, deux moutons, trois moutons… courant à perdre haleine vers les bras de ceux qui veulent les tondre. Cons-sommateurs, cons-citoyens, cons-patriotes, brave troupeau aux appétits uniformes, aux rêves interchangeables et au regard éteint.
Depuis tout petit, on vous apprend à rêver tout bas, à ne vouloir que dans les limites du raisonnable, à tailler vos envies comme les branches d’un arbuste qui empiéteraient sur la chaussée. Vous vous rêviez découvreur de planètes, chef d’orchestre échevelé, inventeur de génie, on vous veut banquier, expert-comptable ou avocat. Vous vous rêviez vivant jusqu’à ce que la mort vous sépare et vous marchez comme des walking dead atrophiés et déboussolés.
Ce qu’il vous faudrait, c’est une bonne claque dans la gueule. Vous ne l’auriez pas volée. Au nom de tout ce que vous avez laissé en chemin, de tout ce que vous avez sacrifié pour quoi ? La paix sociale ? Une bonne situation ? Un pavillon de banlieue ? Vraiment ? Vous valez mieux que ça ! Une bonne claque dans la gueule… comme la musique de Wallace Vanborn.
Il est grand temps de se réveiller. A coups de gros riffs dans la gueule, s’il le faut. Mais ne résumons pas trop vite Wallace Vanborn à un enchaînement de riffs ravageurs. Ian Clement, Dries Hoof et Sylvester Vanborm ne se contentent pas de hurler à la lune ou de prêcher dans le désert. Le troisième album du groupe belge, The Orb We Absorb, est un cri, une alerte, une exhortation. A continuer comme ça, on va droit dans le mur mais l’obscurité n’a pas encore gagné. Il est encore temps, peut-être, de trouver la lumière.
Au diable la dictature du paraître et le bonheur marketé à base d’édulcorants, Wallace Vanborn nous ramène aux fondamentaux du rock : ouvrir sa gueule bien fort pour nous balancer nos quatre vérités. Enregistré au mythique studio Rancho de la Luna, en Californie, et impeccablement produit par le parrain du stoner, Chris Goss (Queens of The Stone Age, Kyuss, Lanegan…), The Orb We Absorb a tout ce qu’il faut pour ouvrir les oreilles, les yeux et les consciences, ce qui en fait un disque hautement recommandable.