22 régions 22 groupes – Ep.3 : Plus Guest (Alsace)

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Assumons pleinement notre jean-pierre-pernautitude avec cette troisième livraison de 22 régions 22 groupes, la rubrique qui va au coeur des régions pour vous faire découvrir les groupes qui perpétuent le savoir-faire ancestral de la confection artisanale de musique inspirée. Avant de me faire définitivement débaucher par TF1 ou France 3 Région, un petit détour en Alsace s’imposait. Passage d’autant plus obligé que, après avoir passé un bon tiers de mon existence à Strasbourg ou dans les environs, je suis un peu le régional de l’étape. Arrivé là en 2000 comme un poil dans la choucroute, j’ai goûté à l’Alsace et à l’Alsacienne et, finalement, je suis resté. Ma lente assimilation n’a pas toujours été indolore. Je garde un souvenir ému et indélébile de quelques fêtes de la bière ou du vin trop arrosées, animées par le groupe de rumpapa local. Mais n’en déplaise aux Jean-Pierre Pernauts de tous horizons et à tous ceux qui ne jurent que par la capitale de la France alors que nous, nous vivons dans la capitale européenne, l’Alsace est un formidable terreau musical qui ne se réduit pas à un folklore provincial. En témoigne toute une série de groupes (dont certains ont déjà évoqués ici-même dans notre rubrique Hopla Geiss) qui montrent bien que les musiques actuelles et indépendantes sont aussi très dynamiques de ce côté-ci de l’hexagone. Pour tout ce qui est électrique et pêchu, Deaf Rock est, à Strasbourg, un formidable pourvoyeur de talents. Avec quelques-uns des meilleurs groupes de rock de la région dans son écurie, le label est devenu une valeur sûre sur la scène indépendante. Avec, entre autres, l’ouverture d’un studio flambant neuf, 2012 est une année riche en évènements pour Deaf Rock. Année marquée aussi par la sortie de l’album de Plus Guest, qui, avec Prime Time, signe l’un des disques les plus intéressants du moment.
Ça faisait déjà un bout de temps que j’avais envie de parler ce disque et puis, comme pris de vertige, j’hésitais, je reculais, je ne trouvais pas les bons mots, le bon angle d’attaque. Ça m’est venu la nuit dernière quand un orage violent s’est abattu sur la région de Strasbourg. Tout est calme et, tout à coup, le vent se met à souffler, des éclairs électriques déchirent le ciel, des bruits de tonnerre produisent une symphonie explosive, puis le son mélancolique de la pluie s’abat sur les vitres, violent d’abord puis de plus en plus diffus. J’entrouvre la fenêtre pour respirer cette odeur particulière et envoûtante que produit l’orage. Le feu d’artifice a fait place à un paysage gris et automnal. Et, à ce moment précis, j’ai la musique de Plus Guest qui me trotte dans la tête. Le calme et la tempête, c’est aussi ce qui caractérise ce quatuor strasbourgeois. Leur univers sonore est à la fois survolté et mélancolique. Une guitare qui, parfois, semble flotter dans l’air et, à d’autres moments, vous remet violemment les deux pieds sur terre, une section rythmique capable d’envoyer du lourd ou de montrer un visage plus apaisé, un chant à mi-chemin entre tristesse et énergie. Plus Guest est un groupe qui ne se cache pas derrière des recettes toutes faites mais, au contraire, les quatre garçons apportent à l’ensemble leurs influences diverses et suffisamment de variété pour garder l’auditeur en haleine tout au long d’un disque maîtrisé de bout en bout. Des influences avant tout anglo-saxonnes qui font le grand écart entre Radiohead et The Hives. Un concentré d’énergie et d’originalité qui impose les strasbourgeois parmi les grands groupes de rock français et ouvre de nouvelles perspectives pour la suite de leur carrière. La preuve en musique…

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