J’ai entendu : The Horrors – Primary Colours

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Chers amis, je dois faire mon mea culpa. The Horrors, voilà un groupe qui, malgré ma propension à la collectionnite aigüe de disques de rock, m’avait complétement échappé. J’avais bien dû frôler un de leurs albums chez le disquaire. Peut-être même aurais-je pu, si j’avais tendu l’oreille au bon moment, entendre l’une de leurs chansons. Mais mon oreille a beau traîner un peu partout en quête de sensations musicales, elle n’avait pas, jusqu’à il y a peu, emprunté cette voie. Erreur mille fois réparée aujourd’hui tant cet album (et son successeur d’ailleurs, j’y reviendrai) ne quitte plus mon lecteur CD depuis des jours et des nuits. 
Car ce Primary Colours venu de nulle part est de ces grands disques qui vous hantent. Nuit et jour, jour et nuit, il ne vous quitte plus. Vous voudriez sortir l’objet du lecteur, le remettre gentiment au chaud dans sa pochette qu’aussitôt, inexorablement, une force obscure vous pousse à l’écouter. Et, dès les premières mesures, vous ressentez une sensation de magnifique imperfection. Des chansons fragiles, bringuebalantes, à la limite du chaos. Un déluge de guitares électrisées, une nappe synthétique lunaire. Un échafaudage sonore précaire qui semble toujours à deux doigts de s’effondrer. Voilà, ce qui vous attend si vous osez pénétrer dans ce musée des Horrors. Car, des précurseurs du punk-rock aux génies délirants de la new-wave, The Horrors connaissent leurs classiques sur le bout des doigts. Chaque morceau pose un univers, une ambiance, particuliers, comme si vous poussiez une porte sans trop savoir ce qui vous attend derrière. Et puis, il y a cette voix… Crépusculaire. Pour un peu, on croirait Ian Curtis revenu d’outre-tombe. Une aura mystérieuse entoure le chant de Faris Badwan. La voix dégage une chaleur glaciale. Elle sonne comme un baiser empoisonné. Inquiétante mais irrésistible.

Un grand disque de magie noire, donc, par lequel il faut se laisser happer. Chaque écoute est source de découverte tant les mélodies, les arrangements et le chant regorgent de trésors. Primary Colours est certainement l’un des plus grands albums des années 2000. Il est d’ailleurs reconnu comme tel en Grande-Bretagne mais la fascination exercée outre-manche par The Horrors n’a pas encore atteint notre douce France. Même les Inrocks, pourtant souvent prompts à vouloir dégotter The Next Big Thing, ont boudé Primary Colours. C’est dire. Espérons (peut-être ma modeste contribution y pourvoira-t-elle!) que cette relative indifférence soit bientôt effacée et que The Horrors reçoivent enfin chez nous aussi l’accueil qu’ils méritent.

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