22 régions 22 groupes – Ep.10 : Vagina Town (Pays de la Loire)

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Il y a des villes qu’il faut absolument avoir vues avant de mourir. C’est ce que disent les gens qui savent ce genre de choses. Indiscutablement, Mulhouse n’en fait pas partie. Je sais ce que tu penses, ami lecteur. Nous étions censés, toi et moi, embarquer dans le premier train en direction de Nantes et nous voilà coincés dans le Haut-Rhin. L’hôte de ces lieux n’en fait décidément qu’à sa tête. Si je te dis que, ce matin, j’ai frôlé la mort, m’accorderas-tu ces quelques instants de digression réparatrice? Pour d’obscures raisons professionnelles, je roulais, en direction de Mulhouse, au volant de ma 307 vert pomme. Le liquide lave-vitres gelait instantanément sur mon pare-brise dégueulasse. Les flocons de neige tombaient en rafale. Divine éjaculation. Tout à coup, je perds le contrôle de mon véhicule. Et zoooum, voilà que je glisse sur le verglas comme une de ces patineuses sexy et ridicules qui se gaufrent en direct au programme libre des Jeux Olympiques. Au vu de la figure non homologuée dont je gratifie mon public, Nelson Montfort aurait probablement avalé son micro. Ça n’a duré que quelques secondes, le temps de fermer les yeux et de penser à mon fils. Et puis rien. Je tape mollement la glissière de sécurité. Derrière moi, les autres voitures s’arrêtent sagement. Sérieusement, mourir, c’est chiant mais mourir pour voir Mulhouse, c’est carrément pire. Si je dois y passer un jour, pourvu que ce soit dans un lieu un peu plus rock’n’roll. Imaginez les gros titres des faits d’hiver : « Tête-à-queue fatal à Vagina Town ». Là, ça vend du rêve, non ?

Vagina Town, c’est le nom d’un film pornographique des années 90. C’est aussi le nom de la contrée moite et torride fondée en 2009 par Gina Tsunami et Mr Larsen. Un trou obscur dans lequel vous prendrez plaisir à vous perdre. Sexy, volcanique et sulfureux, le garage-punk salace proposé par le désormais trio nantais – le couple initial a depuis accouché d’un batteur – ravira aussi bien les branleurs que les menteurs. Loin des rockeurs aseptisés pour pubs de cosmétiques, Vagina Town pratique une esthétique de l’excès et de la démesure. Un joyeux bordel qui puise ses inspirations chez les Cramps ou Suicide. Autant dire que ça envoie du bois, et que ça s’avère tout à la fois toxique, hallucinatoire et addictif. Leur premier EP, LSD, est une irrésistible machine à tubes. Les prophètes imbéciles qui annonçaient la mort du rock peuvent aller se rhabiller. Voilà de quoi vous réchauffer les écoutilles pendant les longues soirées d’hiver. Les vierges effarouchées vont hurler, les grands-mères vont danser le twist au risque de se déboiter le coccyx et les tenants de la bonne morale chrétienne vont avaler leurs hosties de travers. Pour la petite histoire, le titre éponyme de leur LP s’inspire de la théorie de l’intoxication volontaire par la CIA de la ville de Pont Saint-Esprit. Souvenez-vous, on en avait parlé ici (cf J’ai lu : Tous les Diamants du Ciel – Claro). Je ne sais pas si les membres du groupe ont lu le livre de Claro mais ça aurait fait une sacrée putain de bande-son. Quoi qu’il en soit, 2013, année de la baise, marquera, je vous l’annonce, le renouveau du rock à guitares. Ca pourrait bien être l’année de Vagina Town…

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