22 régions 22 groupes – Ep.6 : Hoboken Division (Lorraine)

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Dans le cadre de mon travail, je suis régulièrement amené à me déplacer à Metz ou à Nancy. En arrivant de Strasbourg, le moins que l’on puisse dire, c’est que les premières images de la Lorraine n’ont rien d’un clip idyllique sponsorisé par l’office de tourisme régional. Vous franchissez le panneau “Bienvenue en Lorraine” et quoi, allez, cent mètres plus loin, vous longez deux grosses cheminées industrielles émettant une fumée grisâtre et épaisse.Toute personne normalement constituée aurait une envie irrépressible de faire demi-tour sans demander son reste. Mais, quand, comme moi, on vient du Nord-Pas-de-Calais, on n’est pas impressionné pour si peu. C’est sûr, La Lorraine un jour de pluie, c’est pas la Californie. C’est un coup à vous foutre le cafard, à vous enfermer dans une cave et à jouer du blues jusqu’à la fin de la nuit. Le blues, musique magique issue du chant des travailleurs, quoi de plus approprié pour magnifier la grisaille d’une région industrielle? C’est peut-être ce que se sont dit les deux moitiés d’Hoboken Division en entonnant leurs premiers morceaux. Ou peut-être pas. Et d’ailleurs on s’en fout.
Hoboken Division est à la France ce que les Kills sont à l’Angleterre. Voilà, le morceau est lâché. Et bam, dans ta gueule. Je pourrais presque m’arrêter là mais c’est à la fois aussi simple que ça et bien plus compliqué. Et puis c’est tellement bon que j’ai envie d’enfoncer le clou. La musique de Hoboken Division sent le souffre et la poudre. On l’imagine volontiers fabriquée par des forçats du son, couverts de poussière, dans quelque rade crasseux peuplé de pochtrons bancals. Un son qui prend ses racines dans le blues du delta habilement combiné à des inspirations plus modernes, garage et shoegaze. Quelque chose d’ancien et de résolument actuel à la fois. La musique de Hoboken Division sent aussi la sueur et le sexe. Une absence de compromissions et de retenue. Où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. La voix suave et sensuelle de Marie Rieffly est une invitation à la débauche, une strip-teaseuse aux mouvements félins et saccadés. Une voix qui ne triche pas et qui se met à nu à chaque morceau. Le duo tire son nom d’une station de voie ferrée américaine et, à l’écoute de leur premier EP, on a en effet la sensation d’être frôlé par un train lancé à pleine vitesse. Une grosse claque dans la tronche comme la scène française nous en offre (trop) rarement. Qu’on se le dise dans les chaumières, Hoboken Division, c’est du lourd. Du très très lourd…

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