22 régions 22 groupes – Ep.8 : Garciaphone (Auvergne)

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Ce matin, quand je me suis réveillé, j’ai d’abord ouvert un œil comme si, après avoir fait le mort trop longtemps, je voulais m’assurer que tout était en ordre. J’ai regardé mes mains, longtemps, comme si elles étaient les deux plus beaux trésors que j’aie jamais vus, puis je les ai portées à mon visage. Mes yeux, mon nez, ma bouche, tout était là, sous mes doigts tremblants. Aucun doute, j’étais vivant. J’avais échappé à la fin du monde. Je me sentais puissant, invulnérable, seul survivant de l’apocalypse. Jusqu’à ce que, regardant par la fenêtre, j’aperçoive mon voisin acariâtre occupé à chasser les mauvaises herbes dans notre allée commune. De toute évidence, les végétaux indésirables allaient y passer mais le monde, lui, continuait sa course vers d’autres lendemains. Ce n’était pas la fin, finalement. Mais si chaque jour, à sa manière, est un autre commencement, alors remettez moi un peu de cette musique qui rend la vie meilleure et plus légère. Laissez moi goûter à ces nouveaux horizons, à ces nouveaux départs. Pas besoin de grands discours ou de théories fumeuses, juste quelques accords, des mélodies douces et poétiques qui réinventent sans pour autant faire table rase du passé. Retrouver le goût des choses simples et bien faites. Retrouver cette capacité enfantine à s’émerveiller, même dans le chaos. Écouter Garciaphone, d’une certaine manière, c’est un peu comme renaître.

Si l’on devait choisir une bande-son pour tout reconstruire après un cataclysme, Divisadora en ferait très certainement partie. Le deuxième EP de Garciaphone porte en lui une joyeuse mélancolie, une tristesse légère et aérienne. Le chagrin des départs et la joie fragile des retrouvailles. Sortes de grands volcans semi-endormis d’où jaillissent avec humilité les émotions sincères et discrètes, les compositions d’Olivier Perez semblent flotter paisiblement dans l’air, touchées par la grâce. On y entre comme dans un rêve éveillé, happé par tant de beauté, aspiré par tant de charme. Entre élégance et fragilité, les titres de Garciaphone prennent vie, s’animent et s’insinuent dans l’esprit de l’auditeur. Impossible de résister. La magie est en marche. Le sens de la mélodie déployé tout au long des six titres de l’EP est largement au-dessus de la moyenne. On pense à Grandaddy, à Elliott Smith, à Girls in Hawaï, à tous ces artistes qui n’ont pas besoin d’en faire des tonnes pour séduire. A tous ceux qui rendent le monde un peu plus lumineux avec quelques mots et trois bouts de ficelle. Garciaphone est le genre d’évidences qu’il fait bon se rappeler. Une preuve éclatante que le bonheur est à portée de nos mains.

Photo : Jean-Charles Belmont

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