Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.34 : Filthy Boy

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Aujourd’hui, journée de merde ! J’aurais mieux fait de consulter mon horoscope du jour. Je serais sûrement resté au lit, prétextant une douleur quelconque. Enfin, resté au lit, si l’enfant que j’ai contribué à hauteur de 50% à fabriquer ne s’était mis à hurler à pleins poumons dès 6 heures du matin. Si on avait su, à la place, on aurait pris un coq. A volume sonore égal, ça coûte beaucoup moins cher en entretien et, quand on en a marre, on peut le déguster avec une bonne sauce au vin. Essayez un peu de faire ça avec votre gamin et vous aurez aux fesses tous les bienpensants qui trouvent que les enfants sont formidables. Bref, l’enfant hurle. Sa mère, pour le calmer, hurle encore plus fort. Étonnamment, cette technique, pourtant pleine de bon sens, se révèle un fiasco complet. Qu’auriez-vous fait à ma place? Je me lève d’un bond, descends les escaliers quatre à quatre, fais une entrée triomphale sur la scène du crime et joins mon hurlement aux leurs, persuadé que la tonalité d’une voix masculine aura raison des cris et des pleurs. Je vous laisse imaginer le résultat. Ajoutez à cela des lignes téléphoniques défectueuses au bureau, des collègues rendus moroses par la fatigue, l’atterrissage forcé d’une femme à l’arrière-train pachydermique sur mes frêles genoux dans le tramway et le courrier des impôts posé sur la table du salon, et vous aurez une vague idée de ma journée. Dans ces cas-là, la seule chose qui me calme, c’est la musique. Mais, attention, pas la BO des Bisounours. Non, un truc un peu pêchu qui sonne comme un coup de savate dans la tronche. Ce soir, ça s’appelle Filthy Boy et ça m’a remis complétement d’aplomb.
Filthy Boy, c’est un quatuor anglais basé à Londres, dont on ne sait pas grand-chose sinon que deux de ses membres s’appellent Morrissey. Même si aucun lien de sang ne les relie au chanteur des Smiths, ils partagent avec lui un goût certain pour l’écriture amère et ironique. Leurs chansons sombres dressent un portrait acéré des relations entre hommes et femmes. La voix rocailleuse du chanteur évoque un croisement de Leonard Cohen et d’Alex Kapranos de Franz Ferdinand. Le chant et les instrumentations sont d’une rare théâtralité. Chacun des cinq morceaux disponibles sur Bandcamp semble relever d’une construction quasi-cinématographique et fait apparaître des images fortes dans la tête de l’auditeur. D’ailleurs, le travail photographique qui accompagne les chansons est d’une qualité remarquable. Filthy Boy est certainement un très grand groupe en devenir. J’ai hâte de voir ce qu’ils seront capables de faire sur un EP ou un album. J’écoute les cinq titres disponibles en boucle depuis maintenant plus de 3 heures sans éprouver le moindre signe de lassitude. Je ne suis pas devin mais j’ai vraiment le sentiment que Filthy Boy va bientôt devenir énorme. Qu’ils continuent comme ça et il y a toutes les chances que je devienne leur plus gros fan et que je les attende sur le seuil de leur porte…



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