J’ai bronzé – Saison 1 – Episode 4 : Lake

Browse By

Je ne sais pas pour toi, mais de mon côté, j’ai toujours du mal avec les retours de vacances. Je ne te parle pas du trajet en bagnole, entre clim et coup de chaleur, la petite famille entassée entre les jouets du petit et la valise de vêtements de sa mère qui jure pourtant ses grands dieux qu’elle n’avait emmené que le strict minimum. Non, la route, c’est encore un peu les vacances. On se lève tôt, on jette un dernier coup d’œil au paysage si vite adopté, on traverse les petits villages voisins, on s’arrête pour manger un sandwich au jambon sur une aire d’autoroute. Non, ce dont je te parle, c’est de ce coup de blues qui s’empare de toi quand tu te retrouves à la case départ, dans ton décor habituel et que tu entames un nouveau compte à rebours. On repart quand, en vacances, papa ? Dans 350 jours, mon chéri ! Avoue qu’il y a de quoi avoir le bourdon. Il y a quelques jours encore, je prenais mon petit-déjeuner en terrasse devant un lac aux eaux turquoises et, aujourd’hui, je mange des corn-flakes ramollis avec vue sur les slips de mon voisin, soigneusement alignés sur un fil à linge. Étonne-toi après ça que j’ai envie de me cacher sous les couvertures et de ne pas en sortir jusqu’à l’été prochain. Alors je lambine, je glandouille, je procrastine. En dormant, j’élabore des stratégies complexes pour prolonger l’idée de lac. Et, comme, chez moi, tout se termine toujours en musique, voilà que le hasard place sur ma route le groupe américain Lake. 
Je me dis que le hasard fait bien les choses. Ou peut-être que ce n’était pas un hasard finalement. Peut-être que quand on on cherche quelque chose avec beaucoup d’insistance, alors cette chose finit par apparaître. Lake existe depuis 2006 mais je ne les découvre que maintenant, à ce moment précis où j’ai désespérément besoin d’un lac. Ils n’en sont pas à leur premier essai mais c’est à travers l’album Circular Doorway que je me plonge dans leur univers. Circular Doorway, c’est aussi le titre de la première piste du disque. Une entrée en matière légère et aérienne sur laquelle on flotte paisiblement avant que le morceau ne prenne à mi-chemin une tout autre direction. La chanson prend un tour inattendu, plus expérimental, presque jazzy. Comme si, après avoir flotté tranquillement, on mettait la tête sous l’eau pour contempler les richesses aquatiques. La production est délibérément lo-fi. Mais économie de moyens ne signifie pas forcément économie d’imagination. Bien au contraire, on va de surprises en surprises dans ce Circular Doorway. Album aux vertus thérapeutiques pour le groupe, après le départ de l’un de ses membres fondateurs, Circular Doorway a vu le groupe travailler d’une manière nouvelle, entrer en studio sans compositions terminées, œuvrer dans l’urgence et l’expérimentation. Le résultat est bluffant de spontanéité et de liberté. Les chansons semblent voler de leurs propres ailes, changent de trajectoire et font penser à ces poissons aux écailles lumineuses presque impossibles à  saisir à mains nues. On y retrouve quelque chose qui relève de la magie de l’instant, de la capture de l’éphémère. Comme un prolongement des vacances.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Afficher les boutons
Cachez les boutons