J’ai entendu : Angel Olsen – Burn Your Fire for No Witness

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Le premier qui me traite de critique musical, je lui casse la gueule. Je traduis la musique en mots. Et aujourd’hui, la musique, c’est Angel Olsen.

Un lecteur, un brin soupe-au-lait, m’interpelle en ces termes: “Hé, Zic-zagueur, c’est bien beau de parler de soi mais, elle est où la critique musicale” ? Est-ce que j’ai une gueule de critique musical ? Non mais, des fois, j’te jure…

Je laisse la critique musicale aux fanfarons et à ceux qui se prennent au sérieux. Disséquer les œuvres au scalpel ? Ouvrir les poules aux œufs d’or à la machette ? Très peu pour moi, merci. La critique est facile. L’Art, en revanche… Aussi, je ne fais ni l’un ni l’autre.

La musique, c’est ma vie, ami lecteur. C’est comme l’air pour les avions de Jean-Claude Vandamme : sans elle, je tombe. Je parle de musique comme je respire. A la première personne du singulier. L’objectivité, je me torche avec. J’aime ou j’aime pas. Point barre. Si t’es pas content, t’as qu’à circuler.

Tiens. Il y a quelques semaines, je suis tombé nez à nez avec un ange. J’ai aimé. Attention : pas un ange de publicité, lingerie fine, froufrous-dentelles, ailes cotonneuses. Non, un vrai de vrai : cabossé, poussiéreux, avec des accrocs sur la robe. C’est bien connu, les vrais anges sont caissières au Monoprix ou serveuses au troquet du coin. 

Elle a un prénom et un visage d’ange, Angel Olsen. Bon, et le même nom que deux jumelles insupportables, mais ça, on choisit pas. Paraît qu’elle a été serveuse au troquet du coin. Tiens, qu’est-ce que je te disais ! Elle a aussi chanté dans un groupe de ska-punk chrétien. Putain de casserole, si tu veux mon avis. Enfin, bref, toujours est-il qu’un beau jour – peut-être même qu’il faisait moche ou que c’était la nuit, pour ce que j’en sais – elle se fait embarquer comme choriste par Will Oldham, Bonnie “Prince” Billy pour les intimes. 

Je suis à peu près sûr que le Bonnie est autant prince de quoi que ce soit que moi, reine d’Angleterre. Mais, pour ce qui est du folk, ça, il sait faire. C’est donc à ses côtés qu’Angel fait ses premières armes. S’ensuit un premier album, Half Way Home, paru en 2012, puis, en février dernier Burn Your Fire for No Witness. N’en déplaise à mon lecteur soupe-au-lait, je n’en ferai pas la critique pour la simple raison que ce n’est pas un disque…c’est un sortilège.

Ça commence comme un rêve étrange et pénétrant : Unfucktheworld avec son chant somnambule et funambule. La demoiselle s’invite dans nos subconscients, marche sur un fil tendu au-dessus des précipices, mélange de bravoure et de vulnérabilité. C’est beau comme un ange qui aurait du plomb dans l’aile. Et puis, sans répit, la claque entre les deux oreilles, Forgiven/Forgotten, sur fond de fée électricité. Comme si Angel était possédée par ses démons. Et cette voix toujours tellement proche et pure, même roulée dans la crasse lo-fi. 

Je pourrais aller comme ça jusqu’au bout de l’album – de toute façon, ce disque, tu ne l’interromps pas – égrainant l’une après l’autre ces chansons belles comme de la porcelaine ébréchée. Je pourrais dire à quel point j’ai été envoûté, comme les marins par le chant des sirènes, par cette voix qui épouse toutes les fêlures de sa propriétaire. Mais les mots ne sont que des mots alors que la musique, ça, c’est quelque chose…

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