“Deux et deux quatre, quatre et quatre huit, huit et huit font seize. Mais voilà l’oiseau-lyre qui passe dans le ciel…”
Entre deux austères séances de mathématiques, les écoliers récitent-ils toujours des poèmes de Prévert ?
Tangente, sinus, cosinus ? Monsieur… oui, vous là-bas au fond qui regardez passer les oiseaux, nous vous écoutons ! Toujours à rêvasser, atteint de sinusite chronique, je ne trigonomaîtrise plus rien. Les chiffres se mélangent et se mettent à danser. La vie, la vraie, est derrière ces fenêtres. J’entends l’oiseau-lyre, venu pour me sauver. La voix du professeur n’est plus qu’un imperceptible murmure.
Certes, la conjoncture est ce qu’elle est mais, en dépit du contexte actuel, quelques légers ajustements devraient permettre d’envisager une hausse non négligeable du chiffre d’affaires. Or, nous en sommes très loin. Monsieur Quéniart, quelles solutions envisagez-vous ? Monsieur Quéniart ?
Je le vois qui reviens, l’oiseau-lyre de mon enfance, perdu de vue depuis si longtemps. Ils ont essayé de me désapprendre, mais ils ont échoué. L’oiseau-lyre est là, mais ils ne le voient pas. C’est la vraie vie qui cogne de nouveau à la fenêtre. Mais ils ne peuvent pas le voir ; morts-vivants coincés dans leurs costumes et leurs certitudes, étranglés par leurs nœuds de cravate.
Heureusement, nous sommes encore quelques-uns à voir le monde avec des yeux d’enfants.
J’ai découvert April Was a Passenger, un jour de février 2013. Dehors, il pleuvait. Je somnolais devant des colonnes de chiffres grisâtres. C’est alors que je les ai vus. Trois oiseaux-lyres qui frappaient contre l’écran de mon ordinateur. Trois grands enfants pas vraiment sages. J’ai tendu l’oreille et je les ai entendus. J’ai jeté un œil par la fenêtre. La pluie battante s’était transformée en un gigantesque arc-en-ciel sur lequel les gamins se laissaient glisser, comme sur un toboggan. Qu’on se le dise quand il fait froid, April Was a Passenger est un groupe capable de changer la météo. C’est l’éclaircie après la brume, le soleil après l’averse, le beau temps après la tempête. Une hirondelle ne fait pas le printemps, c’est bien connu… Mais trois oiseaux-lyres, imaginez ! Minouche Briot, Jérôme Baudouin et Anthony Caruana veulent tout, peuvent tout, osent tout. Ils sont ici et partout à la fois. Formidables alchimistes de la musique, ils déversent dans leur cornue un soupçon de Queen, une pincée de Blondie, une lichette de Nick Cave. Ils prononcent quelques formules magiques. Et Abracadaprilwasapassenger ! Mesdames et messieurs, la pop de demain est là sous vos oreilles ébahies. Leur EP sortira officiellement le 15 mars. Écoutez-le et votre vie deviendra tout à coup plus belle, plus colorée. Votre voisin, votre collègue vous sembleront plus sympathiques. Avec leur musique pour bande originale de votre nouvelle vie, c’est sûr : le mois d’avril va passer vite. Vous vous sentirez plus jeune, plus beau et, retrouvant vos yeux d’enfant, peut-être qu’à votre tour vous apercevrez l’oiseau-lyre qui sommeille en vous depuis trop longtemps.
