J’ai entendu : Matt Costa – Matt Costa

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Qu’on s’écroule dans un bar, d’ivresse ou de fatigue, qu’on conduise son gamin à l’école ou qu’on contemple, en amoureux, un coucher de soleil en bord de mer, je suis convaincu qu’il existe une musique pour tous les moments de la vie.

Je ne crois pas beaucoup au hasard. Je pense que la plupart des choses qui nous arrivent sont le résultat d’une mécanique bien huilée, le fruit d’enchaînements de causalités qui, souvent, nous dépassent. Le hasard n’existe pas. Il n’est qu’un mécanisme de défense pathétique pour exprimer notre incompréhension des choses.
Si je poursuis mon raisonnement, il était inévitable que je découvrisse Matt Costa. Je dirais même qu’il était presque inévitable que je le découvrisse hier. Dehors, le ciel brillait d’un soleil d’octobre californien, l’océan en moins. La météo, contestant l’évidence, annonçait des chutes de pluie imminentes.
Cet après-midi, le vent balaie les feuilles d’automne. La Californie a fait place à l’Écosse. Les Beach Boys à Belle & Sebastian. L’insouciance à la mélancolie. Et, entre ces antipodes, j’écoute le disque de Matt Costa.

Ne nous laissons pas dérouter par le fait que ce disque porte pour seule indication le nom de son auteur. Matt Costa n’en est pas à son coup d’essai. Mais ce quatrième album éponyme a quelque chose de spécial. Au cours du processus de création, l’œuvre a dépassé les desseins de son créateur pour suivre sa propre trajectoire.

A la suite d’une salvatrice erreur d’aiguillage, ce qui, à l’origine, devait être un album de folk épuré, s’est mué en un trésor de pop raffinée qu’on s’arrachera encore dans 50 ans. Il faut croire que les pluies écossaises – le disque a été enregistré à Glasgow – n’auront pas suffi à doucher l’optimisme ensoleillé du Californien. Presque malgré lui, ses chansons se sont animées et ont pris leur envol, débordant largement des cadres initialement fixés.

Résultat : non seulement Matt Costa s’inscrit dans la lignée de grands songwriters comme Dylan ou Donovan mais, surtout, il réussit aussi le tour de force de surprendre son monde dans un registre où il est plus aisé de copier ses aînés que d’innover.

Sur la forme, le disque s’écoute un peu comme un 33 Tours. La première partie du disque reflète l’identité californienne de Matt Costa alors que la fin de l’album, à partir de Laura Lee, prend un tour plus folk, plus écossais. Mais, qu’elle soit tournée vers l’océan ou accoudée au comptoir d’un pub, au soleil ou sous la pluie, la musique de Matt Costa capture toujours cette même nostalgie obsédante, cette même beauté éphémère qui nous inonde, l’espace d’un instant, pour mieux nous laisser orphelin.

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