Oiseaux de nuit, Jennifer Pearl, Chris Badger, et désormais Scott Spaulding, guettent ce moment, entre chien et loup, où les corps épuisés rendent les armes, où les consciences fatiguées sont le plus vulnérables. 

Ils dégainent alors un de ces couplets lancinants dont ils ont le secret. La voix diaphane de Jennifer est une chrysalide, un voile qui vient se poser sur les yeux de l’auditeur. L’espace d’un instant, un instant seulement, on a le sentiment qu’on ne voit plus. Mais, bien vite, on s’aperçoit que la réalité est tout autre. Nous ne sommes pas devenu aveugle. Au contraire, nous découvrons que nous sommes doté d’une nouvelle paire d’yeux. Des yeux qui voient à travers nos paupières closes. Des yeux qui percent les mystères de l’obscurité.

Devenu nyctalope, nous avançons en territoire inconnu, mais sans crainte. La peur de heurter quelque obstacle imprévu fait place à une inextinguible curiosité. La nuit ne nous est plus hostile, ni même menaçante. Enveloppé dans son long manteau noir, nous en explorons les moindres recoins, les moindres anfractuosités. 

On entre dans l’univers de VUM, comme sous hypnose, sans savoir ce qu’on va y trouver. Des réponses à nos questions ? Des morceaux de nous-mêmes, depuis longtemps enfouis ou égarés ? C’est ce mystère qui, sans cesse, nous pousse à nous aventurer plus loin, dans la salle des miroirs (Hall of Mirrors), à Hong Kong ou ailleurs.

On se perd et on se retrouve. Les miroirs sont fixés sur nous. Impossible de se cacher. C’est ce qui rend l’écoute de Psychotropic Jukebox tellement personnelle et tellement intense. C’est comme si la musique de VUM avait le pouvoir de venir fouiller à l’intérieur de nous et d’en extraire le pire ou le meilleur.

Avec Night Sun, j’avais dit que VUM avait sorti le meilleur disque de l’année 2011. Psychotropic Jukebox est au moins aussi bon. C’est une expérience unique, une quête personnelle, une thérapie.