J’ai entendu : Peau – Archipel

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A bout de souffle, à fleur de peau. On se touche, on s’éloigne. On se rapproche, on se bouscule. Petites îles perdues. Tectonique des plaques. On s’effleure, on s’épouse, on s’épuise. Je t’ai dans la peau. Chair de poule. On s’embrasse, on s’embrase, on se tatoue. On s’enlace, on s’en lasse. On s’embrouille. Douze balles dans la peau. De toi à moi, peau de vache, tu ne croyais quand même pas que j’y laisserais ma peau ? A fleur de peau, à bout de souffle, on se cherche, on se trouve. On vend la peau de l’ours. On se perd. On se fait la malle, on se fait la peau. Peau de satin, peau de chagrin, peau de balle. On finit seul, mal dans sa peau. A bout de souffle, à fleur de peau, on frissonne, nus sans cette cuirasse qui nous protégeait. On se renouvelle, on se réinvente, on change de peau. Peau un peu usée, déjà servi, cherche autre peau à tanner. Îles égarées cherchent archipel. Et ta peau contre ma peau, sans aucun autre tissu entre nous que celui de nos épidermes, nous devenons archipel. Peau… Archipel…

A bout de souffle, à fleur de peau. C’est aussi ce qu’on ressent à l’écoute d’Archipel, le deuxième album de Peau. La jeune artiste grenobloise, révélée en 2010 avec l’album Première Mue, poursuit son oeuvre forte et originale. Les modes, les tendances, le qu’en-dira-t-on, tout ça semble couler sur elle sans l’atteindre. De titre en titre, Peau glisse, mue, s’expose, se régénère. Chaque piste de l’album est une île avec ses propres règles, son propre écosystème et, pourtant, une fois le tout bien digéré, Archipel révèle une cohérence aussi belle qu’inattendue. Les atmosphères changeantes, déroutantes au premier abord, se conçoivent au final comme des nuances d’une même singularité. La musique de Peau est un contre-pied à la facilité. Elle concilie presque miraculeusement dénuement et profusion, intimité et grands espaces. Peau se dévoile, se dénude, s’offre des soupirs, des respirations. Elle se défait du superflu pour ne garder que l’essentiel. Des synthés, quelques guitares, un ordinateur pour tout équipage, et pourtant, la musique de Peau occupe formidablement l’espace. On l’a vue dans le Vercors sauter à l’élastique, distendre l’intime, capturer l’immensité, oser les oxymores, concevoir l’impossible, parler avec la même force au corps et à l’esprit. A bout de souffle, à fleur de peau, on arrive au bout du voyage et, avec des titres aussi différents que Il Dit et A demi nue, on se dit que, vraiment, Peau est aussi imprévisible que talentueuse. On se dit aussi qu’on n’entend pas tous les jours un disque de ce niveau. Si seulement…

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