J’ai entendu : Pierre Lapointe – Seul au piano

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En France, nous entretenons une relation complexe avec la province du Québec. “Vive le Québec libre!”, s’était exclamé en son temps le général De Gaulle, alors chef des Gaulois. Moi, je veux bien, mais, en cette ère de politiques migratoires restrictives, posons nous la question légitime de l’omniprésence sur notre territoire national et sur nos radios locales de citoyens québécois tels que Madame Dion (dont les braillements évoquent ceux d’un veau qu’on égorge), Madame Boulay (qui a le mérite de bien porter son nom) ou encore Monsieur Garou (que certaines personnes de sexe féminin persistent à trouver à leur goût en dépit de ses oreilles décollées, de son dos voûté et de sa voix manifestement handicapée par une angine blanche chronique). Que fait le Sinistre de l’Inférieur pour endiguer ce qu’il convient d’appeler une invasion? Ne serait-il pas grand temps d’affecter un charter sur Québec Air pour renvoyer manu militari ces bruyants individus beugler dans leur province natale? Après tout, est-ce que nous expédions nos fâcheux représentants, Florent Pagny ou Christophe Maé, afin qu’ils exercent leur liberté de hurler, dans la belle province?
Ne pourrions-nous pas opter, Monsieur le Sinistre de l’Inférieur, pour une immigration québécoise triée sur le volet? Laissons donc les fâcheux brailler sous d’autres cieux et accueillons à bras ouverts ceux qui font danser plus finement les mots de la langue française. Je vous imagine déjà, sur le tarmac de l’aéroport, accueillir en grandes pompes (des mocassins, de préférence) le jeune et brillant Pierre Lapointe. “A ce poète de la francophonie, je voudrais exprimer la gratitude et l’amour de la France reconnaissante”. Ainsi pourriez-vous, Monsieur le Sinistre, entamer votre discours de bienvenue. Et de poursuivre sur les mérites comparés de ses différents albums, tous plus beaux les uns que les autres. Car, si dans les limites étroites de notre hexagone national, Pierre Lapointe demeure (beaucoup) (trop) méconnu, il est, à Québec, ce qu’il convient d’appeler une vedette. Bon goût que celui des québécois qui nous envoient leurs déchets toxiques en prenant bien soin de garder pour eux leurs plus beaux trésors. Car, il n’y a pas à dire, Pierre Lapointe, c’est à peu près ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle en matière de chanson française. Dit-on “chanson française” quand ça vient du Québec?
Raffinement des arrangements; savant mélange entre rock, pop et variété; sens hypertrophié du verbe; voix exceptionnelle tantôt puissante, tantôt caressante. Digne héritier de Gainsbourg ou de  Barbara, Pierre Lapointe mène depuis une dizaine d’années une carrière exemplaire qui lui a valu bon nombre de récompenses honorifiques. Afin de célébrer à sa manière ses 10 ans de carrière, le canadien a décidé de se livrer en public, seul au piano. Je viens d’écouter deux fois de suite cet album. C’est la perfection dans le plus simple appareil. Sans effets, sans artifices, Pierre Lapointe met à nu quelques unes de ses meilleures chansons en les livrant sous leur forme originelle, celle de leur composition au piano-voix. Et là, il faut vraiment être fou ou complétement sourdingue pour bouder son plaisir. Les chansons du jeune prodige apparaissent dans toute leur beauté et toute leur simplicité. C’est un peu comme si la jolie fille que vous convoitiez secrètement depuis des mois se décidait soudainement à vous emmener dans sa chambre et commençait à se déshabiller devant vous, laissant apparaître un corps ferme et généreux. Je laisserai à votre imagination le soin de poursuivre cette métaphore qui a toutes les chances de tomber dans la trivialité la plus consternante. Il est grand temps que j’aille me coucher. Quant à vous, il est grand temps, si ce n’est déjà fait, que vous découvriez Pierre Lapointe…

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