Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.21 : Jhameel

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Mon vrai métier, lorsque je ne suis pas en train de rédiger des articles sur J’ai tout lu, tout vu, tout bu…, consiste à guider de jeunes lycéens, le plus souvent en manque de repères et d’inspiration, dans le dédale des perspectives d’avenir qui s’offrent à eux, autant que possible au profit du groupe qui m’emploie. Ils sont là, le regard vide, la mèche capricieuse, le bouton d’acné prêt à exploser, à écouter mon discours savamment maîtrisé, manifestant selon les cas, une attention polie, amusée, intéressée, blasée, agacée ou inexistante. Certains s’orienteront vers le management. D’autres feront du dessin, de la philosophie, de la musique, de l’archéologie. D’autres encore s’engageront dans les ordres, la police, l’armée. Là où l’on ne pourrait voir que des groupes d’adolescents boutonneux, paumés et nonchalants, c’est en réalité une multitude de possibles, une infinité de destins qui défilent sous mes yeux, dont la majeure partie sera étouffée dans l’oeuf, charriant parfois son lot de regrets. Combien de comptables qui auraient tant voulu être comédiens? Combien de charcutiers qui auraient tant aimé être pilotes de ligne? Combien de caissières qui auraient rêvé d’être hôtesses de l’air?
Curieux parcours que celui de Jhameel. Entouré d’instruments de musique depuis sa plus tendre enfance – son père est violoniste – il semblait prédestiné à une carrière artistique. Pourtant, – faut-il y voir l’influence d’un conseiller d’orientation peu inspiré ou la simple volonté d’emmerder ses parents? – c’est d’abord à une carrière militaire que se destine le jeune homme. Il intègre une école d’officiers de l’armée américaine. Cependant, ses doutes quant à la présence militaire américaine au Moyen-Orient l’incitent à tout plaquer et à s’en retourner à ses premières amours. Une perte pour la gent soldatesque mais assurément un gain considérable pour l’univers de la pop-music. Car Jhameel, outre le fait qu’il soit polyglotte, ce qui est d’une utilité limitée lorsqu’il s’agit de chanter en anglais, est aussi et surtout un brillant multi-instrumentiste. Sur son récent album, The Human Condition, qu’il a écrit, composé et produit tout seul comme un grand, l’artiste, âgé seulement de 22 ans, joue tous les instruments: guitare, piano, basse, batterie, violon, violoncelle, trompette and synthés. Rien que ça. Voilà une polyvalence qui force l’admiration.

Il est sans doute trop tôt pour dire si Jhameel révolutionnera la pop. Une chose est sûre, c’est qu’un avenir radieux s’offre à lui. Non seulement il a parfaitement assimilé des influences allant de Prince à Mickael Jackson tout en produisant une musique à la fois moderne et personnelle. C’est tantôt funky, coloré, bigarré, prêt à toutes les audaces, tantôt plus intime, caressant, à fleur de peau, mais quel que soit le registre dans lequel il évolue, il y a dans chacune de ses chansons un côté catchy qui râfle aussitôt tout sur son passage et provoque l’adhésion même des plus récalcitrants. Quant à ses textes, ce n’est certes pas du Malraux mais Jhameel allie avec justesse son expérience personnelle et ses aspirations à l’universalité pour évoquer des thèmes aussi larges que la politique ou la solitude. L’album représente, dixit Jhameel lui-même “l’expression à la fois de mon amour absolu et de ma haine amère pour la condition humaine”. Il y a chez ce garçon une intelligence, une maturité hors norme et, bien sûr, un talent incommensurable. Je vous laisse vous en convaincre en écoutant The Human Condition dans son intégralité ci-dessous…

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