J’ai entendu : Slow Club – Paradise

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Un petit rayon de soleil dans le ciel. Mon fils qui court dans le jardin, rieur et insouciant. Sa mère qui me sourit tendrement. Un baiser rapidement échangé. N’en déplaise à ce mois de février bissextile qui n’en finit plus, l’air s’est radouci et un vent printanier flotte dans l’atmosphère et dans les têtes. J’ai beau essayer d’en faire abstraction, le temps qu’il fait joue considérablement sur mon humeur. Je n’y peux rien, c’est comme ça. Je ne suis pas le seul. Avez-vous déjà regardé la tête des gens un jour de pluie? C’est la soupe à la grimace. Par contre, aux premières apparitions du soleil, les visages s’illuminent. De la même façon, il y a des disques qui sont reliés étroitement à l’alternance des saisons. Je crois bien n’avoir jamais écouté Nick Drake qu’en hiver. En revanche, il ne me viendrait pas à l’idée de sortir un album de MGMT en plein mois de décembre. Je viens juste de trouver le disque idéal pour les saisons intermédiaires. Avec Paradise, Slow Club évoque aussi bien la nostalgie d’un été qui vient de se terminer que la promesse d’une prochaine saison chaude. 
Avec cet album sexy, intense, tendre et mélancolique, le duo originaire de Sheffield a assurément franchi un palier. Le gentil petit groupe folk un peu kitschounet des débuts s’est mué en un beau papillon aux couleurs vives et tranchantes. Après un premier disque certes charmant mais un peu convenu, Slow Club aurait pu persister dans sa zone de confort et rester une formation parmi tant d’autres à proposer ce folk-pop gentillet appuyé sur des harmonies vocales homme/femme. Bref, rien de nouveau sous le soleil. Eh, bien, se sont-ils dit, au diable la facilité. Et force est de constater que Charles Watson et Rebecca Taylor avaient plus d’un tour dans leur sac. Paradise est beaucoup plus fort et audacieux, à tous points de vue, que son prédécesseur. Leur son est devenu plus puissant, plus musclé, faisant taire les mauvaises langues qui les trouvaient un peu trop cucul. La voix de Rebecca a gagné elle aussi en consistance. D’ailleurs, elle assure l’essentiel du chant sur la plupart des morceaux alors que les harmonies étaient systématiques sur le disque précédent. La voix est désormais plus adulte, plus assumée. En ce qui concerne les paroles, le groupe a là aussi gagné en maturité, n’hésitant pas à aborder des thèmes plus graves comme, par exemple, la peur de la mort. 
Avec Paradise, Slow Club a pris le risque de bousculer un peu son auditoire pour sortir de l’ornière des duos pop-folk sympathiques mais peu originaux qui pullulent actuellement. Le résultat est à la hauteur des ambitions et des aspirations du duo. L’album marque à tous les niveaux un saut qualitatif substantiel de la part de Slow Club et place de facto le groupe parmi les valeurs sûres de la pop britannique. En explorant de nouvelles voies, Charles et Rebecca ont posé les bases d’un univers riche et original qui leur ouvre des opportunités nouvelles pour l’avenir. Un groupe à suivre de près…

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