J’ai interviewé : Anakronic Electro Orkestra

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T’avais-je déjà dit, ami lecteur, que Anakronic Electro Orkestra était l’un des projets les plus fascinants que l’on aie entendus depuis longtemps ? Ah oui, , il me semble.  T’avais-je dit aussi que leur album Noise in Sepher était sans doute l’un des meilleurs depuis le début de l’année ? Ah OK, OK… Et est-ce que je t’ai dit que, rien que pour toi, et aussi un peu pour moi, j’ai interviewé Mikaël Charry (composition/machines) ? C’est passionnant, tu verras…
AEO existe depuis 2006. Quelles sont les origines de ce projet ? 
Le projet est né lors d’une master classe de musique klezmer, à Paris, avec David Krakauer et Socalled (Josh Dolgin). J’ai fait écouter à ce dernier un remix que j’avais fait de John Zorn et il a beaucoup aimé. Il y avait dans la salle Claude Szwimer, notre actuel producteur (du label Jumu), qui m’a, dès la sortie, proposé un contrat pour faire deux albums mêlant musique klezmer et musique électronique. J’ai signé, puis les choses se sont petit à petit agencées. Ludovic Kierasinski, bassiste et réalisateur, m’a rejoint pour m’aider à travailler sur les titres, puis l’envie de monter sur scène nous a amenés à nous entourer de Pierre Bertaud du Chazaud et de Corinne Dubarry (respectivement clarinette et accordéon). C’est plus récemment que nous avons intégré Ghislain Rivera à la batterie.
De quels univers musicaux veniez-vous au départ ? 
J’ai commencé la musique jeune, par le piano puis la guitare, et après une adolescence plutôt rock, je me suis tourné vers la musique électronique. Nous avions avec Pierre un collectif de freeparty, Knobz, dans lequel nous avons fait nos armes en matière de live électronique (sur machines). En parallèle à ça, nous avons tous une culture musicale très large, de la musique traditionnelle (tango, indienne, occitane,…) au rock ou même au métal, en passant par certaines formes de musiques improvisées proches du free-jazz… La musique classique aussi. Bref, comme beaucoup de musiciens d’aujourd’hui, je pense, nous avons vraiment des horizons musicaux très larges…
Quand et comment vous est venue l’envie de vous tourner vers la musique klezmer ?
C’est vraiment l’univers de John Zorn qui m’a fait découvrir cette musique. Donc d’abord sous un aspect assez expérimental, radical. Puis la création du projet m’a poussé à revenir aux racines, à des clarinettistes comme Naftule Brandwein ou Dave Tarras. Et bien sûr le Klezmer Madness de David Krakauer, qui reste une référence.
Que représente pour vous la musique klezmer. De quoi est-elle porteuse ? 
C’est une musique très forte. Elle est pleine de contrastes, de joie et de tristesse. Son histoire est riche et ça se ressent dans chaque note. Cette richesse vient de son passé itinérant, elle est imprégnée de nombreuses cultures… Cela dit, pour aller un peu plus loin dans notre rapport à la musique klezmer, nous ne nous définissons pas uniquement comme un groupe de klezmer, car pour nous, c’est un premier volet. Ce que nous avons voulu en nommant le projet Anakronic electro Orkestra, c’est se laisser la liberté d’aller se confronter à d’autres traditions, d’autres horizons… C’est la musique qui est au centre de tout, et aussi cette dualité entre la tradition et la modernité, ou comment proposer une lecture moderne et personnelle d’une entité établie, avec son histoire, ses codes,…
J’ai cru comprendre que vous n’étiez pas de tradition juive (arrêtez moi si je me trompe). Est-ce que vous pensez que ça rend plus facile le fait de s’amuser, de distordre en quelque sorte cet héritage ? 
Vous ne vous trompez pas ! Je ne pense pas pour autant que cela rende les choses plus faciles, car nous n’avons du coup pas une légitimité « innée » à distordre cette musique. Nous avons dû faire nos preuves, et la reconnaissance de David, par exemple, nous a fait énormément de bien. Bien sûr, pour nous, il n’y a pas de nécessité d’appartenir à une culture pour pouvoir se l’approprier, ou la détourner, mais peut-être que pour certains, c’est le cas…
Comment la communauté juive réagit-elle à votre musique ? Vous est-il déjà arrivé de recevoir des réactions outragées par rapport à votre musique ?
Les quelques concerts un peu « communautaires » que nous avons faits se sont très bien passés ! Et non, pas de réaction négatives, en tous cas pas à notre connaissance…
David Krakauer apparaît sur votre dernier album. Comment s’est passée la rencontre et sa participation au projet ?
C’est une évolution qui s’est faite au fil des années… Comme je le disais, le premier contact a été cette master-classe, en 2004. Puis j’ai fait un titre où j’avais besoin de son autorisation pour un sample de clarinette. Il a tout de suite accepté ! Un an après, il montait sur scène avec nous, au Sentier des Halles, pour faire 3 titres en rappel. C’était vraiment un grand moment. Et encore plus tard, il nous a proposé de venir faire une création pour un concert qui se voulait en premier lieu unique. Mais cette création a été rejouée à Varsovie, puis à la Cigale.
On parle aussi d’un groupe parallèle que vous formerez avec lui. Où en est ce projet ?
Nous allons rejouer en novembre, notamment au Bikini à Toulouse, et nous commençons à envisager des choses plus concrètes pour la suite… Mais nous en reparlerons quand les choses seront un peu plus précises !
Il y aussi la participation de Taron Benson. Une autre belle rencontre ?
Une magnifique rencontre oui ! D’ailleurs, c’est David lui même qui nous l’a présentée alors que nous cherchions une rappeuse pour un featuring… Nous avons fait 3 titres avec elle au New Morning, à Paris, pour notre sortie d’album, c’était vraiment énorme ! Et ça nous a aussi donné envie de donner suite. Donc nous y travaillons. Même si New-York est loin, nous sommes de plus en plus liés à cette ville il semblerait…
La scène, c’est aussi quelque chose de très fort pour vous. Quels sont vos meilleurs souvenirs de live ? (j’ai vu que vous aviez joué à Lens, ma ville natale, le 22 juin, c’était bien ?) 
En 6 ans, il commence à y avoir beaucoup de beaux souvenirs… Difficile de trouver les plus forts… Le concert avec David dans cette magnifique salle qu’est La Cigale ? Un grand moment pour nous. Mais je pense aussi à un concert en Bretagne, pour le Festival des chants de marin, où nous avons joué sur un bateau penché ! Et comme chaque passage dans cette région, l’accueil du public breton était génial… Pour Lens, oui, ça s’est très bien passé, c’était avec les artificiers d’Eido Production, un spectacle en plein air qui mêle notre concert à des artifices tirés derrière la scène, sur des immenses échelles !

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