J’ai interviewé : Anna Aaron

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A une centaine de kilomètres à peine de Strasbourg se cache un joyau à l’état brut en la personne de la chanteuse bâloise Anna Aaron (cf Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.27). Auteure d’un album magistral, oscillant entre l’ombre et la lumière, sans jamais se départir d’une beauté addictive, Anna Aaron signe avec Dogs in Spirit un disque fort et indispensable qui font d’elle l’une des songwriters les plus intéressantes du moment. Avant d’entamer une tournée française, Anna a accepté de répondre à mes questions…

A Bâle, vous faites partie d’un cercle d’artistes issus d’horizons différents. Dans quelle mesure ce milieu vous influence-t-il?
Les artistes qui m’entourent, ce sont juste mes amis, mon frère et ma sœur. Nous ne nous considérons pas vraiment comme un cercle d’artistes, c’est seulement de l’extérieur qu’on nous appelle comme ça. Pour nous, c’est plutôt une communauté naturelle au sein de laquelle nous vivons ensemble. Musicalement, ils ne m’influencent pas tellement mais c’est là où sont mes racines et je tire toujours un grand profit des échanges que j’ai avec eux.
Au cours de votre enfance, vous avez été confrontée à une extrême pauvreté. Qu’avez-vous retenu de cette période?
Les souvenirs que j’ai gardés de cette période sont des souvenirs d’enfant, donc ce sont plutôt des impressions que des jugements. Je ne me rappelle rien qui touche par exemple à la politique ou au système éducatif du pays. Ce dont je me souviens, ce sont des choses particulières de la vie quotidienne comme les odeurs, les cafards, les moustiquaires, les bananiers, …
L’idée de départ de l’album vous est venue d’une phrase tirée de l’Évangile selon Matthieu: “Bénis soient les pauvres en esprit”. Plusieurs titres font référence d’une manière ou d’une autre à la religion. De quelle manière la religion influence-t-elle votre musique?
J’ai utilisé l’expression « Bénis soient les pauvres en esprit » parce que j’aimais bien l’idée que parfois ce qu’on considère comme faible ou pauvre dans notre société est en vérité béni et de grande valeur. Pendant mon travail d’écriture, je ressens une grande faiblesse parce que, quelquefois, la musique prend le pouvoir et je ne suis qu’une fille dans un studio qui essaie d’en faire quelque chose de valable. Donc, quand je me sens pauvre en esprit, j’essaie de me rappeler que ce qui m’apparaît comme la pire des faiblesses est en fait ma plus grande force. En écrivant les paroles du disque, j’ai parfois eu recours au langage religieux parce qu’il est très fort dans son imagerie mythologique. Quelques mots peuvent vouloir dire beaucoup, parce que, derrière, il ya tout ce contexte mythologique qui les rend percutants et très chargés symboliquement.
Autour de votre musique, vous créez aussi une imagerie très forte dans les photographies et dans les clips. Quelle importance accordez-vous à cette dimension visuelle?
J’accorde une grande importance aux aspects visuels. Pour moi, comme, je pense, pour beaucoup de personnes, il existe une forte connexion entre la musique et tout ce qui est visuel. Il est important que ce que je m’efforce de créer en tant qu’Anna Aaron fasse sens dans son ensemble, non seulement musicalement mais aussi visuellement.
A l’écoute de l’album, ce qui m’a frappé, ce sont les différences notables entre la moitié des morceaux, sombres et hypnotiques (ceux que je préfère, à titre personnel) et une autre moitié beaucoup plus pop et accessible. Est-ce que ça reflète deux facettes de votre personnalité ou est-ce pour édulcorer le côté obscur du disque?
Personnellement, je préfère aussi les morceaux sombres et hypnotiques. Je pense qu’ils reflètent mieux ce que je suis en ce moment. Mais je les trouve aussi plus faciles à écrire. J’essaie de relever le défi d’écrire des chansons pop lumineuses et entraînantes en même temps que les morceaux plus sombres, parce que je me rends compte que les deux types de chansons viennent du plus profond de moi, et donc font tous les deux partie de moi. Je ne sais pas si j’y suis parvenue sur Dogs in Spirit mais c’est un sujet sur lequel je travaille constamment.
Vous serez prochainement en tournée en France. Comment appréhendez-vous cette tournée? Vous amènera-t-elle à Strasbourg?
J’ai vraiment hâte de jouer en France. C’est un public nouveau et on ne sait jamais comment ça va se passer, ce qui m’incite à travailler dur. Je ne sais pas encore si nous viendrons à Strasbourg mais je l’espère !

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