J’ai interviewé: Birdengine

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Il y a quelques semaines, le folk bizarre et dérangé de Lawry Joseph Tilbury, alias Birdengine, m’avait totalement embarqué (cf Les trésors cachés – Ep.8) dans son univers. Drôle d’avatar légèrement fêlé mais tellement attachant, mélange poétique de plumes et de ferraille, Birdengine est parmi ce qui fait de plus intéressant musicalement en ce moment. Une rencontre étonnante…

Quel est ton parcours musical? J’ai lu que, quand tu étais enfant, tu avais pour habitude de sortir dehors la nuit pour jouer de la musique…

Oui, c’est vrai, j’ai grandi dans un petit village du Dorset et, gamin, je n’avais pas vraiment beaucoup d’amis donc j’avais pris l’habitude de me divertir en chantant des chansons et en regardant mon frère creuser un trou dans le jardin. J’ai commencé à m’enregistrer sur un magnétophone en jouant sur une guitare à deux cordes et je le fais toujours si ce n’est que maintenant ma guitare a six cordes. J’ai ensuite fait l’acquisition d’un quatre-pistes et je me suis mis à faire de la musique électronique en utilisant un clavier et des piles avec des niveaux d’énergie restante différents. Donc j’ai mis trois piles pleines et une autre presque morte dans un clavier pour enfants et les sons obtenus changeaient à chaque fois que je jouais. C’est comme ça que j’ai réalisé mon premier EP (Birdengine EP). Et peu de temps après, j’ai commencé à chanter et à jouer plus de guitare.
D’où vient le nom Birdengine? Ça m’évoque un jouet bizarre comme on pourrait en trouver dans un grenier…
Birdengine, c’est la façon dont mon frère et moi appelions les avions qui volaient au-dessus de notre village. J’aime aussi beaucoup les noms de groupes qui associent deux mots comme Sparklehorse ou Radiohead. Et ça semblait bien convenir au bruit que je faisais, un mélange d’organique et de métal.
Est-ce que tu considères le fait de faire de la musique comme un moyen de se protéger des problèmes du monde adulte?
Pour autant que je puisse voir, faire de la musique se décompose en trois parties. Il y a l’écriture. C’est quelque chose qui me vient naturellement presque tous les jours et qui est davantage un rituel qu’autre chose et aussi, d’une certaine manière, une moyen de faire face. Ensuite vient l’enregistrement, quelque chose dont je ne suis pas tellement fan, je pense que ma musique sonne beaucoup mieux dans ma tête que sur la bande. Et, au final, il y a le fait de jouer face à d’autres personnes, une expérience étrange qui peut varier d’extraordinaire à douloureuse ou ennuyeuse selon l’humeur dans  la salle et dans ma tête.
Tes paroles sont plutôt sombres et obsédantes. Qui t’a le plus influencé? Edgar Allan Poe, Tim Burton, David Lynch?
Je ne considère pas que mes paroles soient tellement sombres et obsédantes mais beaucoup de personnes le pensent. Ma musique véhicule un sentiment général de malaise et d’inconfort par rapport au monde. Une tristesse ou parfois une joie qui est à l’intérieur de chacun de nous. J’aime Lynch, à la fois ses films et sa musique. Je suis aussi beaucoup influencé par le cinéma et la littérature.
Tu as un alter ego, Mortis Tobias, qui semble encore plus inquiétant pour l’auditeur moyen. Qu’est-ce que ça t’apporte de plus que Birdengine?
Je n’ai pas utilisé ce nom depuis plusieurs années. Je l’utilisais pour sortir un son plus expérimental et plus libre que Birdengine.
J’ai lu que que tu avais vécu à Toulouse un moment. Est-ce que l’endroit où tu vis influence ta façon de faire de la musique?
Quand je vivais à Toulouse, je n’ai pas écrit de musique du tout. J’ai aimé la ville et le mode de vie mais je n’ai pas fait de musique durant les six mois où j’étais là-bas. Je crois que c’est parce que je venais de finir l’enregistrement de The Crooked Mile. Et peut-être que c’était aussi parce qu’il n’y avait pas de beuh à portée de main. 
The Crooked Mile a reçu quelques critiques élogieuses depuis sa sortie. Quelles sont les prochaines étapes pour toi?
The Crooked Mile est composé de chansons qui couvrent une période de 4 à 5 ans. C’est assez étrange et je n’ai pas l’impression que l’album fonctionne vraiment comme un disque. Il y a trop de chant sur le disque. En ce moment, je suis en train d’écrire ce qui sera vraisemblablement mon dernier disque en tant que Birdengine. Je sens que le projet touche à sa fin. J’écris actuellement la musique pour un nouveau projet avec quelques grands musiciens. Un nouveau groupe. Un nouveau départ.

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