J’ai interviewé : Clara Mitsuko

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Ami lecteur, toi qui es forcément jeune, beau et connecté au monde qui t’entoure, tu passes probablement une partie de tes heures perdues à t’afficher sur les réseaux sociaux. Tu racontes ta vie en 140 caractères à des écrans virtuels. Tu as des centaines d’amis que tu ne connais pas, que tu n’as jamais vu et qui ne seront pas là lors de ton prochain déménagement. Tu te prosternes devant la montagne de sucre. Et pour quel résultat? Pour qu’on t’invite à liker une fanpage consacrée à Mylène Farmer. C’est ce qui m’est arrivé la semaine dernière, précisément le jour où j’ai rencontré Clara Mitsuko. Je rentre chez moi, d’humeur légère et guillerette. J’allume mon ordinateur, je me connecte et c’était là. Une photo de Mylène Farmer avec, en-dessous, un pouce fièrement dressé qui n’attendait plus que je lui dise “J’aime”. Moi qui suis mélomane et hétérosexuel, j’étais gros-jean comme devant (qu’on me pardonne, je n’ai jamais vraiment compris le sens de cette expression) sur les deux tableaux. Ma fierté en a pris un sacré coup. J’ai failli régurgiter tout mon quatre-heures. Deux jours plus tard, je faisais un nervous breakdown. Comment en est-on arrivé là? Je n’en ai pas la moindre idée. Quelques semaines avant, quand Facebook avait encore toute sa tête, il a mis sur ma route Clara Mitsuko. Pseudonyme suffisamment intrigant pour que mon naturel curieux fasse le reste et que j’éprouve le besoin irrépressible de gratter un minimum. La demoiselle a Christophe de Polaroid3 parmi ses contacts. Elle chante. Plutôt bien en plus. Elle a 20 printemps au compteur et reprend La Javanaise. Je sur-like, moi qui suis atteint de gainsbourophilie aiguë. J’écoute la suite. Des reprises guitare-voix à sa sauce de tubes d’hier et surtout d’aujourd’hui. Un je ne sais quoi dans la voix qui fait qu’on se sent bien, qu’on ne s’en lasse pas  et qu’on voudrait que ça dure tout le temps. On est devenus amis virtuels.

Je la rencontre, en vrai, dans un bar du centre-ville. Je commande une bière ; elle, un café. Je croyais que c’était moi qui posais les questions. Mais la demoiselle me devance et me demande comment j’ai eu vent de sa musique. Je parle de réseaux sociaux, de Christophe Imbs. Bref, je ne vais pas vous refaire le premier paragraphe. Je lui dis tout le bien que je pense de ses reprises. “C’est marrant. Je n’ai pas l’impression de faire quelque chose d’exceptionnel. C’est juste des morceaux que je joue à l’appart avec mes potes”. En même temps, les gens qui, au bout de trois minutes, essaient de vous convaincre à quel point ils sont formidables, sont souvent les pires connards. Pas de fausse modestie chez Clara puisqu’elle avoue ne pas être sûre de poursuivre dans la musique. “On m’a déjà proposé d’enregistrer et tout ça. Mais ça impliquait de partir, de changer de vie. J’ai dit non. Je termine d’abord mes études. On verra après”. Pourtant, la musique, elle est tombée dedans quand elle était toute petite. “Mon père est musicien. Mon frère est aussi dans la musique. J’ai vu ce documentaire sur Woodstock et je me suis plongée dans les vieux vinyles de mon père”. Depuis quelques années, elle enchaîne les projets musicaux avant de se retrouver seule sous les feux des projecteurs. “Ça s’est passé comme ça, de fil en aiguille, je me suis retrouvée sur scène. Je n’avais pas de nom d’artiste alors les gens ont spontanément utilisé mon pseudo Facebook. Moi, j’aimerais bien Moneypenny comme nom. Je trouve que ça sonne bien, non?” Je lui fais remarquer que Moneypenny ne se tape jamais vraiment James Bond. “C’est un peu l’histoire de ma vie”, plaisante-t-elle. J’adore. Les groupes avec lesquels elle aimerait partager une scène? J’en écris une pelletée, elle me fait barrer plusieurs fois mes notes. “Catherine Ringer. Non, non, barre, c’est trop prétentieux. Melody Gardot. Deluxe. Non, non, les groupes que j’adore : Syd Matters, Metronomy, Mister Valaire,… C’est super dur, ta question. En fait, il faut que je te dise, j’ai un dédoublement de personnalité, j’écoute des styles de musique en fonction de mes styles vestimentaires. J’aime le rockabilly, Pink Floyd, Santana, l’électro”. Et la suite alors? “J’aimerais bien bosser avec un contrebassiste. Si tu m’en trouves un, je continue. J’ai envie de jouer dans un groupe.”. Depuis, je remue ciel et terre à la recherche d’un contrebassiste. Ami lecteur, rends-toi utile. Accompagne-moi dans cette quête. Clara est un diamant brut qui mérite le plus bel écrin. Et peu m’importe si elle trouve que j’exagère…

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