J’ai vu le live de Polaroid3 à l’Artichaut et je suis définitivement accro…

– Bonjour, je m’appelle Cédric… et je suis polaroïdomane.

A leurs mines déconfites, je comprends que je suis gravement atteint, que je n’en ai sans doute plus pour très longtemps, que je suis passé du côté obscur, au-delà de tout espoir de rémission. Ou qu’ils ne connaissent pas Polaroid3. Mu par une sorte de curiosité malsaine, l’un d’entre eux questionne d’une voix tremblotante :

– Comment es-tu… euh, enfin…tombé dedans ?
– Au début, il n’y avait rien ou presque. Juste ce mélanome mélomane, cette marque de naissance qui entrait en résonance avec la musique. Au moindre accord de guitare, à la moindre mélopée, ma peau me démangeait, mon petit cœur s’agitait, sautait à l’élastique, battait la chamade. Tic, tac, boum. Tic, tac, boum. Au début, c’était assez espacé et puis, ces derniers temps, ça m’arrive de plus en plus régulièrement. Dès que je n’ai pas ma dose, je ressens le manque. Jusque dans ma chair. Comme l’impression que je m’assèche, que je me consume. Impossible de me concentrer sur quoi que ce soit, de penser à autre chose. Plus rien d’autre n’a d’importance à mes yeux. C’est alors que je les ai découverts. Trois électrons libres, trois molécules agitées qui me mettent le cerveau en vrac et le corps en transe. Une sacrée came, je vous dis. Plus moyen que je m’en passe…

Mardi soir, devant le public effeuillé de l’Artichaut – disons trois douzaines de bienheureux – Francesco, Christophe et Christine m’ont une nouvelle fois ouvert la porte d’univers parallèles, surréalistes et fantasmagoriques. J’avais dit, il y a quelques semaines, à quel point je les trouvais bons. Je me rends compte que j’étais très en-deçà de la vérité. Ils sont encore cent mille fois meilleurs que ce que je pensais.

Francesco est un batteur d’une précision redoutable, Christophe décolle de son tabouret et balance des atmosphères oniriques et embrumées. La voix de Christine, mi-humaine, mi-fantasmée, serpente entre des couloirs sonores sans fin, fait naître des chimères et donne naissance à des paysages quasi-lunaires. Aller simple vers la quatrième dimension. J’ai vu des gens, dans l’auditoire, qui fermaient les yeux, comme pour mieux voir la musique. Et moi, scotché à mon siège comme à bord d’un grand huit, je ne veux pas perdre la moindre miette de ce voyage. Les Polaroid3 jouent des morceaux extraits de Rebirth Of Joy mais, aussi et surtout, profitent de ce concert strasbourgeois pour tester sur scène des titres inédits, dont certains figureront sur le prochain EP à paraître au premier semestre 2013. Christine est une chanteuse à la présence remarquable. Il émane d’elle une aura fascinante, mélange de flegme et d’aristocratie. Les deux autres ne sont pas en reste. La musique de Polaroid3 touche à la fois les corps et les esprits. Elle est à la fois le passé, le présent, le futur et l’éternité. Je vous le répéterai jusqu’à ce que vous en soyez pleinement convaincus. Polaroid3 est tout simplement l’un des plus grands groupes du moment. Si vous voulez en avoir le cœur net et que vous êtes du côté de Paris, ils seront demain au 114. Ne laissez pas passer votre chance.