J’ai interviewé : Dionysos

Browse By

J’aurais vendu mon âme au premier oiseau de passage pour quelques questions à Mathias Malzieu. Lorsque l’opportunité de l’interviewer s’est présentée, je crois bien que je me suis envolé. Si si, je vous assure, mes pieds ont quitté la terre ferme. Non, je ne suis pas un jedi, à peine un padawan, mais je volais, je vous le promets. Hier encore, lorsque j’ai lu ses réponses, j’ai fait des bonds de cabri dans le salon à tel point que ma compagne s’est mise en tête de m’attraper avec un lasso. Merci Mathias pour ces émotions-là. Rendez-vous dans 20 ans…

20 ans de carrière, quel est le secret de cette longévité?

L’envie, le goût de l’aventure, la confiance et la solidarité au sein du groupe qui permet de tenter toujours de nouvelles choses… Faire la bande originale d’un livre, sampler des bruits d’horloge, jouer sur scène avec un symphonique d’enfants, inventer une danse et arranger le dernier album Bird’n’Roll avec des sifflets harmonisés plutôt qu’avec une orchestration classique, faire des tournée acoustiques avec des jouets sur scène. Tout ce champ des possibles ludiques nous permet de durer, d’affronter les difficultés et de profiter des jolis moments.
 
Comment fais-tu pour avoir encore autant la patate sur scène?
Ce sont les chansons, le groupe et le public qui me fournissent l’adrénaline. J’ai un tempérament qui fait que l’énergie est l’un de mes moyens d’expression les plus justes. Après, mon corps en paye le prix fort. Un concert me demande d’aller chercher très loin physiquement et émotionnellement. C’est un challenge terrible et passionnant à chaque fois que je mets un pied sur scène.

Quel souvenir gardes-tu de votre toute première répétition? Et de votre tout premier concert?
C’était dans la salle a manger chez Rico, notre batteur, des amplis miniatures posés sur des chaises et l’envie complice de créativité déjà très présente. Pour le premier concert, c’est la sensation de peur excitante qui ne nous a jamais quittés depuis, que je retiens. Une terrasse de bar près de la gare de Valence et la sensation d’entrer dans des montagnes russes émotionnelles et physiques à partager, à mélanger.
 

Quel est ton meilleur souvenir de ces 20 années de carrière? Et le pire?
L’un de mes meilleurs souvenirs est peut-être le final du concert symphonique où j’ai balancé le chef d’orchestre dans la foule. Une neige de polystyrène avait envahi la scène. Et les enfants qui composaient l’orchestre posaient leurs petits violons et sautaient un par un dans La foule comme d’un avion en parachute. Le regard de joie excitée qu’ils avaient était incroyable. Des souvenirs de cette intensité là, je pourrais encore vous en raconter au moins 10…
Le pire, c’est quand on a l’impression que le groupe est en danger au delà de l’artistique. Les blessures physiques, les choses graves de la vie que chacun traverse. Les très mauvaises rencontres… il y en a. Notamment ce concert le lendemain du décès de ma mère que le prestataire a refusé d’annuler en disant “show must go on” alors que j’étais en train de choisir le bois du cercueil et la place au cimetière. J’ai cru ne plus jamais chanter après cet événement. J’étais complètement écœuré.
 
Quelle est la chose la plus folle que tu aies réalisée au cours de ces 20 années?
Continuer. C’est exactement la chose la plus merveilleusement folle. Et j’espère bien vous redire la même chose en 2032. Ce serait encore plus fou.

Admettons (avec un peu d’imagination, c’est possible !) que je sois le génie d’Aladdin et que je puisse t’exaucer un vœu. Que demanderais-tu?

Continuer a être créatif et en liberté marrante avec le groupe au moins jusqu’en 2043, comme dans la chanson de Bashung.
 
Plus qu’un groupe de musique, Dionysos m’apparaît comme un ensemble musical, littéraire et visuel extrêmement fort et cohérent. Comment s’est construite cette esthétique?
Cela se construit toujours, et c’est ce qui en fait l’intérêt. Ces connections toujours en mouvement créent de la surprise, de la folie et un mélange de saveurs particulier. C’est bon de s’approprier des personnages, des histoires et de les voir évoluer au contact de la scène, des livres et bientôt du film (La Mécanique du Cœur)…

D’où te vient cette fascination pour les oiseaux?

Parce que j’ai toujours rêvé de voler. Sans doute pour me décoller du quotidien et attraper une plus grande quantité de rêve. Il y a toujours sur la route de grands écraseurs de rêve, des donneurs de leçons qui vont plus ou moins volontairement essayer de te faire rentrer dans le rang. Dans une case, quelque chose de contrôlable pour eux. Les oiseaux sont difficiles à attraper. Je leur envie ce pouvoir.
 
Tu as récemment rencontré Tim Burton. A-t-il écouté Dionysos? Que retiens-tu de cette rencontre?
Non, je ne crois pas qu’il ait écouté. Je retiens un artiste passionné et passionnant et qui pétille toujours de de toutes ses forces tendres. Il assume sa mélancolie et son étrangeté avec beaucoup d’humour et au delà de l’artiste, l’être humain est simple, humble, c’était très réconfortant.
 
Quel regard portes-tu sur la scène rock française actuelle?
Je n’ai pas beaucoup de recul, mais je vois plein de chose exploser de joie créatrice un peu partout, des nouveaux, des jeunes, des moins jeunes… des gens comme Kim, Yalta Club, Ödland, April Shower, Victorine croisés sur la route m’impressionnent de fraîcheur et de folie douce.
 
Où te vois-tu dans 20 ans?
A répondre à une nouvelle interview de votre blog avec un i-phone 17 qui permettrait de se téléporter.
 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Afficher les boutons
Cachez les boutons