J’ai interviewé : Plus Guest

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Je ne sais pas pour vous mais chaque fois que j’essaie de fixer un rencard à quelqu’un, il y a un truc qui foire. J’ai beau me lever de bonne heure, calculer le coefficient d’ensoleillement de toutes les terrasses de Strasbourg ou établir des tableaux comparatifs des bars et des restaurants du centre-ville, rien n’y fait. Il y a toujours un grain de sable pour enrayer cette belle mécanique. Il arrive que les femmes trouvent ça charmant mais, la plupart du temps, c’est juste la lose. Evidemment, quand j’ai convenu d’un rendez-vous avec Thibault, guitariste de Plus Guest et administrateur de Deaf Rock (cf 22 groupes 22 régions – Ep.3), je n’ai pas dérogé à mes fâcheuses habitudes. Entre contre-temps de dernière minute et terrasse inopinément fermée, appel désespéré quinze minutes avant l’heure h pour finalement se rejoindre sur une terrasse surpeuplée, j’étais au sommet de ma forme. Ça ne nous empêche pas, malgré tout, de nous retrouver à l’heure dite devant une boisson houblonnée. Je ne suis pas un timide maladif mais, en présence d’un bon musicien, je suis toujours un peu impressionné. Après quinze ans de guitare sans jamais réussir à dépasser le riff de Come as you Are, j’ai de quoi entretenir quelques complexes. J’ai préparé quelques questions mais je n’ai pas envie que ça ressemble à un interrogatoire de police. Je n’ai pas d’enregistreur, je prends des notes bordéliques sur un vieux bloc de papier. Plutôt Colombo que Les Experts. A plusieurs reprises, il jette un regard inquiet sur mon bloc-notes, l’air de se demander comment je vais bien pouvoir pondre un papier correct avec ces griffonnages illisibles. Assez vite, il me met à l’aise et l’échange se fait naturellement. C’est tellement agréable de discuter avec quelqu’un qui a une approche aussi complète de l’univers musical qu’à un moment j’en oublie de prendre des notes. Je fais peut-être un peu trop confiance à ma mémoire mais voici en substance ce qu’on s’est dit.
Comment Plus Guest s’est-il formé?
Au départ, Plus Guest, c’était du one-shot. On avait nos groupes respectifs. On s’est réunis pour faire la première partie de The Elektrocution. On était tous dans le même délire, ce truc d’énergie punk dont on s’est maintenant un peu détachés. Après on a changé deux fois de bassiste et on a continué comme ça. C’est maintenant Etienne, le chanteur des 1984, qui tient la basse. 
Vous avez aussi monté le label Deaf Rock en parallèle. Pourquoi avoir ressenti ce besoin?
On s’est rendu compte qu’il n’y avait pas grand-chose en Alsace pour accompagner les groupes émergents. L’idée, avec Deaf Rock, c’était d’avoir une structure qui permette de gérer la plupart des aspects du développement d’un groupe, notamment tout le côté administratif et la production phonographique. On travaille maintenant avec cinq groupes : Colt Silvers, 1984, Electric Suicide Club, La Mort de Darius et Plus Guest, avec pour chacun d’entre eux,  l’objectif de sortir un CD dans les deux années qui suivent.
Comment choisissez-vous les groupes avec lesquels vous travaillez?
Au départ, le dénominateur commun, c’est le live et puis, après, c’est une question d’affinités. Ce qui est aussi important, c’est d’avoir du temps libre pour se consacrer pleinement à la musique et saisir les opportunités qui se présentent. Par exemple, quand on a fait la première partie de Sum 41 en Allemagne, ça s’est décidé une semaine avant. Il fallait pouvoir être réactif.
L’ouverture du studio Deaf Rock, c’est une grand pas en avant pour vous?
Oui, l’ouverture du studio en centre-ville et la sortie de l’album sont de vraies vitrines pour Deaf Rock. C’est une nouvelle étape de notre développement. On fonctionne maintenant de façon beaucoup plus professionnelle, moins j’menfoutiste. Ce qui est bien, c’est qu’on utilise aussi la vitrine du label pour mettre le studio à disposition d’autres groupes.
Revenons, plus spécifiquement, à Plus Guest. Tu parlais de la tournée avec Sum 41 en Allemagne. Ça s’est goupillé comment?
On a le même tourneur. C’est lui qui nous a proposé ce plan. Ce qui est bien, c’est qu’en Allemagne, il y a plus cette tradition de clubs qui organisent des concerts de rock. On s’est retrouvé devant un public assez jeune qui ne nous connaissait pas. A Berlin, c’était un peu décevant, le public était un peu froid et blasé mais, dans les plus petites villes, l’accueil était très bon. On a vraiment misé sur le show et les effets pour les séduire. Et puis sur la proximité avec les gens. On aime bien ces échanges sur le stand dédicaces après le concert.
Et les relations avec Sum 41?
Honnêtement, on n’a pas eu trop de contacts avec eux. Ils arrivent cinq minutes avant, ils font leur truc. Voilà. Personnellement, j’étais pas grand fan, en plus. Ce qui m’a étonné, c’est qu’ils attirent un public aussi jeune alors que ça fait quand même un bout de temps qu’ils sont là.
Votre album Prime Time, au niveau du son, c’est un peu le calme et la tempête mélangés?
Oui, on a clairement amorcé un virage plus pop, moins rentre-dedans par rapport à ce qu’on faisait avant. On a voulu proposer autre chose. C’est un mélange de titres assez anciens et de morceaux plus récents. Pas forcément homogène, mais c’est un disque sur lequel on compte s’appuyer pour avancer.
Est-ce que cette hétérogénéité dont tu parles vient des influences diverses que chacun apporte?
Oui, c’est sûr. On se retrouve sur quelques groupes comme Tokyo Police Club ou Funeral Party. Sinon, Julien, le batteur est plutôt influencé par le punk. Notre chanteur, qui s’appelle aussi Julien, c’est plutôt le garage-rock et Etienne, le bassiste, écoute plutôt Cure ou Radiohead. Moi, ça change assez souvent, j’écoute beaucoup d’indie-rock. Après, il y a les incontournables: Franz Ferdinand, Bloc Party, Kings of Leon. On s’appuie sur ce qu’on écoute, c’est évident.
Vous avez un morceau qui s’appelle Confederacy of Dunces. La Conjuration des Imbéciles, c’est un bouquin que vous aimez?
C’est une idée de notre chanteur. John Kennedy Toole est un des ses auteurs favoris. Au départ, on trouvait le titre un peu long mais il nous a convaincus.
Pour vous, chanter en anglais, c’était une évidence?
Je suis très admiratif de cette nouvelle scène qui chante en français mais toutes nos influences sont anglo-saxonnes. La question ne s’est même pas posée. 
Quel regard portes-tu sur la scène strasbourgeoise?
Il y a vraiment de très bons groupes. Turbo, François Villon, 100% Chevalier. Le problème, par rapport à d’autres villes, c’est le manque de soutien et de suivi. Par exemple, il n’y a aucun tourneur en Alsace. Dans ces conditions, ce n’est pas facile de se faire connaître et de franchir un palier. 
Quelles sont les prochaines étapes pour vous?
On va bientôt repartir en tournée en Allemagne. Notre album sortira là-bas en novembre chez Rough Trade. En plus, ce qui est bien, c’est qu’au niveau de la promo, ils vont capitaliser sur le fait qu’on ait joué en première partie de Sum 41 et de Royal Republic.

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