J’ai interviewé : Quiet Loudly

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Quiet Loudly est l’un des groupes les plus intéressants du moment. Leur album, Go Into The Light Smiling, dégage une énergie débordante et parvient à capter en studio l’énergie de leurs performances live. Cette sincérité qu’on ressent à l’écoute du disque n’est pas qu’une façade puisque, dans la vraie vie, ce sont aussi des garçons attachants et sans artifices comme en témoigne cette interview très décontractée au cours de laquelle Max Goransson me jette des fleurs en me mettant en balance avec Jerry Springer…


Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir musicien?
Honnêtement, je crois que j’essayais juste d’éviter de faire du sport.
Comment vous êtes-vous rencontrés et comment avez-vous commencé à jouer ensemble?
J’ai rencontré Sal pendant notre première année à l’Université Emerson. On vivait au même étage. Je cherchais à monter un groupe dès que je suis arrivé là-bas et c’était la seule personne que je connaisse qui jouait de la batterie. En fait, au début, c’était juste une connaissance et nous sommes devenus amis en jouant ensemble dans ce groupe. Maintenant, dix ans et trois groupes plus tard, on est toujours là. Quand on a lancé Quiet Loudly, nous étions à l’origine un trio avec un bassiste différent. Nous avons joué notre premier concert avec ce groupe génial qui s’appelle GunFight! Tony était (et est toujours) le bassiste de GunFight! et nous avons joué quelques shows supplémentaires avec eux. Un an plus tard, quand notre bassiste a quitté le groupe, Tony a proposé de le remplacer un moment jusqu’à ce qu’on trouve un nouveau membre permanent. Mais, il est vite devenu clair que nous n’avions aucune envie de nous séparer de lui. Notre alchimie avec lui s’est tout de suite faite sans effort et il est vite devenus un de nos amis proches. Après la sortie de notre album Soulgazer, nous avons eu des organistes qui se sont succédés pour nous accompagner en concert. Nous avions fait la connaissance de John à travers des amis communs et des groupes que nous connaissions et il a rejoint un groupe appelé Scary Living, avec lequel Sal jouait. C’est Sal qui l’a en quelque sorte embarqué et nous l’a amené. Et John est un musicien tellement doué que, quand il a exprimé son intérêt à rejoindre le groupe, c’était comme si nous avions gagné à la loterie. Une fois que nous étions tous les quatre, notre son a réellement progressé et nous sommes devenus de plus en plus à l’aise avec ce que nous faisions.
Où puises-tu ton inspiration?
Difficile à dire, étant donné que l’esprit est tellement mystérieux. Je dirais que c’est une combinaison de musique pré-existante qui me surprend et engage cette part mathématique de mon esprit qui éprouve le besoin de comprendre les choses en les démontant puis en les reconfigurant ou les plaçant dans un autre contexte. Aussi, si j’ai le sentiment que quelque chose s’empare de moi dans ma vie personnelle, que ce soit de l’ordre du désespoir ou du vertige romantique, cette urgence émotionnelle nourrit l’envie d’écrire et de créer de la musique.

Quels sont les groupes ou les artistes qui t’influencent le plus?
Ca dépend du moment, je fonctionne vraiment par phases. Cependant, par-dessus tout, j’ai tendance à graviter plus souvent autour du rock psychédélique/garage de la fin des années 60 et des vieux chanteurs soul. Je trouve que la qualité musicale était beaucoup plus élevée à l’époque. Les groupes arrivaient vraiment à tirer le maximum de leurs instruments et il en émanait un groove profondément ressenti. C’est à la fois brut et stimulant. J’aime bien aussi des trucs indés contemporains (en particulier les groupes qui ont une base plus psychédélique ou expérimentale). 

Ce que j’ai vraiment apprécié dans l’album, c’est la façon dont vous arrivez à capturer l’intensité du live. Comment travaillez-vous en studio?
C’est que nous sommes avant tout un groupe live. Notre musique est beaucoup plus puissante et inspirée quand nous jouons tous ensemble dans une pièce plutôt qu’en faisant un million d’overdubs de chaque instrument à la fois et en essayant d’avoir une prise impeccable. Je préfère conserver une prise qui semble magique et qui comporte quelques petites erreurs que de m’arrêter sur chaque détail insignifiant et d’essayer d’atteindre la perfection. Je pense que, quand on est pris dans ce processus de répétition et de prudence, les choses qui devraient sembler urgentes deviennent mécaniques. Et, en devenant mécaniques, elles commencent à perdre leur “âme”. Donc, nous avons balancé les pistes de base de chaque chanson de manière live. C’est sûr qu’il y a des erreurs sur le disque mais nous avons gardé les pistes qui semblaient vraiment électriques et authentiques à nos yeux.

Y a-t-il un groupe dans votre entourage que tu me recommanderais particulièrement?

C’est vraiment la question la plus difficile de toutes! Nous avons la chance d’être entourés en ce moment par des groupes incroyables et inspirants. Il serait impossible de ne citer qu’un nom. Mais je peux te donner toute une liste de groupes qui méritent absolument l’attention. Avant tout, il y a quelques groupes à Brooklyn que je ne connais pas personnellement mais que j’apprécie vraiment : Heliotropes et Ancient Sky. Et il y a ces groupes avec lesquels nous jouons et qui déchirent toujours : GunFight!, Naam, EULA, Miniboone, Belus, Passenger Peru, She Keeps Bees, Pow Wow!, Luff, Magnetic Island, The Meaning Of Life, Maquina Supervium, Eastern Hollows, Backwords, Jane Eyre, Flying Pace, Father Figures, Dinosaur Feathers….Je suis sûr que j’en oublie quelques uns et que je vais me maudire quand je me serai rendu compte de qui j’ai laissé de côté…
Dans l’album, il y a une chanson qui s’appelle It’s not the end of the world (if it’s the end of the world), alors je te propose de faire une interview “fin du monde”…

Quelle serait la dernière chose que tu ferais avant la fin du monde?
Eh bien, je suis tenté de sortir des trucs vraiment bizarres qui, en temps normal, m’enverraient tout droit en prison ou sous terre mais, en restant réaliste, je me contenterais probablement d’aller à la maison avec ma famille et de revivre toutes les petites choses qui m’ont façonné en grandissant et qui ne font plus vraiment partie de ma vie de manière régulière. C’est d’ailleurs à peu près ce que dit la chanson. Je jouerais à la balle dans la cour avec mon père, je mangerais les plats de ma mère et j’écouterais toutes ses histoires sur sa rencontre avec mon père et je regarderais des films stupides avec ma soeur. Rien ne m’apporterait plus de paix que ça.
Est-ce que tu penses que, quelques mois avant la fin du monde, c’est le bon moment pour se fiancer? (NDLR: deux membres du groupe, John et Tony, viennent de se fiancer)

Peut-être…ou peut-être que c’est le moment idéal pour revisiter les années 60 et faire l’expérience de l’amour libre!

Qui serait la dernière personne à qui tu parlerais et que lui dirais-tu?
Satan, et je lui dirais que j’aimerais bien qu’il me rende mon âme pour cinq minutes de plus.

Quel endroit aimerais-tu visiter avant la fin?

Si je pouvais aller à un endroit où je n’étais jamais, je choisirais l’Italie. Mais, des endroits où j’étais déjà, j’aimerais retourner à Asheville en caroline du Nord. Pour moi, c’est la ville la plus belle, la plus vibrante et la plus tranquille des Etats-Unis.

Si tu pouvais sauver un groupe, qui sauverais-tu?
Le mien! Si tu veaux dire, à part nous, je choisirais GunFight! parce que ce sont nos meilleurs amis au monde et nous continuerions à nous marrer, peu importe ce qui nous arrivera. Si ça devait être un groupe que je ne connais pas personnellement, peut-être Yo La Tengo. Leur chansons sont tellement dénuées de prétention et  me touchent énormément. En plus, ils sont tellement dynamiques qu’on croirait avoir six groupes incroyables dans un emballage pratique de 3 personnes.

Si tu pouvais sauver une chanson…

Je vais sortir un peu de mon chemin et choisir quelque chose qui signifie beaucoup pour moi mais que la plupart des gens ne doivent pas connaître : Blind de Pacific UV. Sans doute les guitares les plus parfaites que j’aie jamais entendues. Tellement, tellement splendide.


Un livre?

Probablement Where The Wild Things Are (NDLR : en français, Max et les Maximonstres) pour des raisons sentimentales.


Un endroit?

Asheville!

Un objet?
De la pizza froide? C’est un truc que je peux sauver?

Un intervieweur? 
Faut voir…D’abord, j’accepterais ouvertement d’être soudoyé. Mais, au sommet de ma liste, je dirais que ça se joue à pile ou face entre toi et Jerry Springer…

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