J’ai interviewé : Yes Know

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Sandy Gilfillan est un musicien dont le cerveau fourmille d’idées. Alors que sous le nom de Yes Know, il a sorti ces dernières années deux disques de pop  introspective et expérimentale de très haute qualité (cf Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep. 62) sur lesquels je n’ai pas fini de m’extasier, le voilà déjà en train de se tourner vers l’avenir et de plancher sur de nouveaux projets. Petit instantané avec cette interview exclusive…


Qui es-tu? Quelle est ton expérience musicale?
Yes Know, c’est moi, Sandy Gilfillan, producteur et multi-instrumentiste. Je suis revenu de la région de San Francisco à Los Angeles où j’ai grandi. Je crois qu’on peut dire que, pour ce qui est de mon expérience musicale, je suis largement autodidacte si l’on considère qu’apprendre la guitare sur Internet, c’est apprendre par soi-même. Au lycée, j’ai commencé à apprendre la guitare et à enregistrer des cassettes avec un ami. C’était essentiellement des riffs et des solos de blues et je me suis mis à enregistrer en numérique au moment où je suis entré à l’université. Quand j’étudiais l’Art à la fac, j’ai écrit sur le Velvet Underground, Brian Eno, Steve Reich, et d’autres et j’ai enregistré des musiques pour certains de mes travaux visuels. Je dirais que je ne me suis toujours focalisé sur la musique en soi mais juste sur le son en général, qu’il s’agisse de jouer un instrument, de capturer des sons dans divers endroits, d’enregistrer des conversations, de synthétiser les sons en digital ou de les organiser pour en faire de nouveaux arrangements.

Tu mènes de front deux projets, Of Noise et Yes Know. J’ai lu sur ton site Internet que Of Noise est plutôt orienté vers la publicité ou les films, vers un usage plus commercial de la musique. Qu’en est-il de Yes Know? Dirais-tu qu’il s’agit d’un projet plus introspectif et plus artistique?
Of Noise et Yes Know sont nés à des moments très différents et, pour le moment, il est certain qu’ils poursuivent des objectifs différents. La principale différence entre les deux, c’est que Of Noise est avant tout un prête-nom pour mon travail de mise en musique et de design sonore sur tout ce qui est vidéo et films d’animation, que ce soit à vocation commerciale ou non. Ces derniers temps, je travaille aussi dans un style très différent de ce que j’ai fait avec Place ou Over Under. Je ne me sers quasiment pas du tout de la guitare ou du chant. Quand ce travail sera prêt, ce sera très loin des chansons à la guitare qui composaient en majorité ces deux albums, donc Yes Know ne semble plus un nom très approprié. Je ne sais pas encore vraiment comment j’appellerai ce nouveau projet. Les choses sont encore en train d’infuser.

Sur Here (NDLR : la première piste de l’album Place), tu as utilisé des paroles de Bob Dylan, Bjork et Animal Collective. Y a-t-il d’autres artistes qui t’inspirent?
Ces artistes, c’est juste comme toucher la surface de mes influences. Mais il y a une autre inspiration majeure à cette chanson, et plus globalement à Place, c’est Yankee Hotel Foxtrot (NDLR : album du groupe américain Wilco sorti en 2002). J’écoutais ce disque de manière obsessionnelle quand j’étais au lycée et ça a été pour moi à cet âge-là une sorte de porte d’entrée détournée vers la musique expérimentale. Ce disque incorporait ces textures ambiantes, des idées de musique concrète et d’autres choses avec lesquelles je n’étais pas du tout familier à l’époque, mais sans pour autant sacrifier le sens des paroles et la mélodie comme c’est souvent le cas avec les disques expérimentaux. Pour mes deux albums, je voulais cette même combinaison d’introspection, d’expérimentation et de musicalité. L’une de mes tentatives pour atteindre cette tonalité, ce sont les échos de verre à vin sur Here. J’ai trouvé que ça pouvait donner le ton de l’album au niveau de l’expérimentation et des textures.

Et sinon, plus récemment, qu’est-ce que tu écoutes?
En ce moment, j’utilise sans arrêt Spotify. Voilà quelques-uns des trucs que j’écoute beaucoup:
Kiln – Dusker
Obfusc – Cities of Cedar
Kurt Vile – God Is Saying This To You
Machine Drum – Urban Biology
Com Truise – Galactic Melt
Jonti – Twirligig
Ty Segall – Goodbye Bread
Lotus Plaza – Spooky Action
Abe Vigoda – Crush

Te considères-tu comme un “bedroom musician” en travaillant seul sur tes albums? est-ce que tu te sens proche de gens comme Youth Lagoon? Penses-tu que la technologie ait causé l’émergence de ce type de musiciens ou qu’Internet leur a simplement offert un moyen de diffuser leur musique?

Le truc, c’est que, littéralement, l’expression “bedroom musician” s’applique à tout musicien qui s’efforce d’améliorer ses capacités dans son temps libre, c’est-à-dire presque à tous les musiciens. Certains choisissent d’affiner et de sortir des enregistrements de ces sessions et d’autres non. Mais je pense que c’est une pratique assez usuelle de composer des chansons en ajoutant soi-même de nouveaux éléments avec un magnéto, un ordinateur ou quoi que ce soit. Que ce matériel finisse par être enregistré tel quel, partagé avec d’autres en collaboration ou cédé à un groupe qui improvisera autour ne change pas grand-chose au fait que n’importe quel musicien possédant un ordinateur puisse enregistrer en solo et partager son art de façon immédiate. Je crois que les gens utilisent ce terme de “bedroom musician” parce qu’il est assez commode pour décrire pourquoi certains musiciens solo ont un son mélancolique et introspectif, parce qu’il évoque aussi l’isolement qui ressemble à la façon dont des albums comme Pink Moon (NDLR : album de Nick Drake) ou For Emma, Forever Ago (NDLR : Album de Bon Iver) ont été fabriqués. Au final, cependant, d’innombrables artistes produisent des styles de musique radicalement différents, seuls dans leur chambre.

Après ces deux excellents albums, quelles sont les prochaines étapes pour Yes Know?

Beaucoup de choses très excitantes, en fait. J’hésite encore à garder le nom Yes Know pour mon prochain album, mais je travaille dur sur de nouveaux morceaux en collaboration avec The Human Pyramids Artist Collective, avec qui j’ai récemment commencé à plancher sur le lancement d’un nouveau label. Ce sont de bons moments et je suis heureux d’être, depuis peu, impliqué avec quelques excellents artistes de Los Angeles qui sont prêts à collaborer et qui sont réceptifs à ce que je fais actuellement. Il y a beaucoup de choses qui restent à définir mais je pense que, dans un futur pas si lointain, nous devrions pouvoir proposer quelques spectacles audio-visuels de qualité ainsi que des sorties de disques. Pour se tenir au courant, il suffit de se connecter sur humanpyramids.net.

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