Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.67 : Lola Colt

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Ami lecteur, réjouis-toi car le merveilleux groupe dont fait partie la fabuleuse école qui m’emploie a jugé mon modeste espace d’expression digne de figurer dans son remarquable magazine mensuel. Tu noteras que, maintenant que je sais ma prose scrutée, auscultée et disséquée par mes supérieurs, je prends soin, lorsque je les mentionne, de garnir ma production des épithètes les plus flatteurs qui soient. Qui sait si une once de flagornerie bien sentie, une noisette de pommade appliquée au bon endroit au bon moment ne me vaudra pas bientôt quelque bonne surprise! Mais, trêve de cajoleries, ils n’ont guère besoin de mes services pour s’auto-satisfaire et, de toute façon, à cette heure tardive, ils doivent être en train de dépenser les fruits de mon labeur dans un restaurant huppé de la capitale ou sous les draps soyeux d’une habile courtisane. Je ne les en blâme pas. Fussé-je riche et puissant, j’opterais pour les mêmes plaisirs faciles plutôt que de me casser la bobine à vous entretenir quotidiennement de mes coups de cœur musicaux, cinématographiques ou littéraires. Nous ne serions jamais croisés. Ça vous aurait fait de belles jambes, ce qui est toujours utile pour frimer à la plage, et personne ne s’en porterait vraiment plus mal. Sauf que vous n’auriez pas découvert Lola Colt avant tout le monde. Et ça, ça vous aurait fait les pieds, ce qui est toujours utile pour prolonger vos belles jambes.
Lola Colt (et pas Lara Croft) est un sextet (non, Stéphane, pas une sex-tape!) londonien qui tire son nom d’un western spaghetti des années 60. Je n’ai pas vu ce film mais si j’en crois le peu d’occurrences trouvées sur la Toile, il ne semble pas avoir durablement marqué l’histoire du 7ème Art. Fait plutôt rare dans l’univers viril du western, il est centré autour d’un personnage féminin, une intrépide chanteuse de cabaret qui organise la résistance des habitants d’un petit village contre le bandit qui les oppresse. Difficile de trouver un nom plus approprié pour un groupe dont la charismatique chanteuse danoise se prénomme Gun. La construction quasi-cinématographique de leurs compositions est un écrin parfait pour la voix puissante et entêtante de la demoiselle. Dès les premières notes, le décor est planté. Étendues arides, soleil torride, tumulte de chevaux  galopant dans la poussière, parfaitement suggérés par des rythmiques tantôt nonchalantes tantôt survoltées et des feedbacks de guitares savamment dosés. Voilà l’univers pittoresque dans lequel Lola Colt évolue. Et puis, il y a cette voix. Dès qu’elle ouvre la bouche pour se mettre à chanter, Gun met le feu aux poudres, les balles fusent, la fusillade éclate. Ça sent le sang, le sexe et la sueur. Boom Boom Blasphemy  est assurément l’un des meilleurs morceaux rock que j’aie entendus ces derniers temps. Outre une performance vocale digne des plus grandes dames du rock’n’roll, l’atmosphère qui s’en dégage est torride et électrique. Je donnerais un bras pour voir Lola Colt en concert mais je garderais volontiers les deux pour les applaudir. C’est sûr, ce groupe sera bientôt énorme, j’en mets ma main à couper. Et même si je dois finir cette chronique amputé de tous mes membres, je persiste à penser qu’il s’agit là d’un beau pied-de-nez à tous ceux qui croyaient le rock à guitares moribond. Avec un album qui devrait, si tout se passe bien, sortir courant août, on n’a pas fini d’en entendre parler. Et c’est tant mieux…

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