J’ai interviewé : Ysé

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Ysé est une artiste que j’ai découverte récemment. Une jeune femme pleine de talent et de générosité. Que ce soit sur disque, sur scène ou en interview, elle ne triche pas, ne s’invente pas une personnalité, ne se la raconte pas. Pour nous, elle revient avec émotion sur son “parcours de galérienne” dans la musique. Un parcours qui méritait bien qu’elle plaque tout pour s’y consacrer…

Photo : Pierre Faa

Quels sont tes premiers souvenirs musicaux ?

Mes premiers souvenirs coïncident avec mon arrivée à Paris il y a maintenant plus de 10 ans. J’y ai intégré le Chantier, lieu d’échange entre musiciens et chanteurs. Grâce à ces rencontres, j’ai pu faire mes premières scènes, découvrir ce que c’était vraiment d’enregistrer une maquette en studio. J’ai compris au fur et à mesure ce qu’était vraiment ce métier mais aussi que je m’étais engagée dans un sacré parcours de galérienne !
A quel moment as-tu décidé de tout plaquer pour devenir artiste ?
J’ai toujours chanté, durant toute mon enfance ; je montais des spectacles que j’imaginais, je possédais une collection impressionnante de 45 tours et, à l’époque, il n’était pas rare de trouver les instrumentaux sur les faces B, ce qui me permettait de chanter. J’ai plusieurs fois décidé de tout plaquer pour ma passion et je l’ai fait à chaque fois parce que cela devenait, à des périodes précises, une question de survie. La première fois, c’était pour mes 20 ans lorsque j’ai décidé de quitter ma famille et de m’exiler à Paris avec pour seule idée d’aller au bout de ma passion. La seconde, ce fut pour mes 30 ans où, après avoir déjà vécu 10 ans de multiples expériences, je commençais sérieusement à m’encroûter dans un job alimentaire. J’ai décidé de réagir et de démissionner pour pouvoir donner une bonne fois pour toute un grand coup d’accélérateur. Mon intuition a d’ailleurs été juste puisque, un an après, je rencontrais mon producteur et j’enregistrais mon premier album Nouvelle ère qui allait donner lieu à une aventure incroyable.
Chanteuse à voix rocailleuse dans un pays où les chanteuses aphones (Carla Bruni, Lou Doillon, …) ont plutôt bonne presse, c’est pas un peu compliqué ?
Il y a un public et de la place pour tous. Je pense qu’il n’y a pas de comparaison à faire avec ces chanteuses car nous ne sommes comparables en rien. Je trouve au contraire qu’il est bien plus intéressant de cultiver sa différence, d’essayer de ne pas tricher à vouloir ressembler à untel ou untel sous prétexte que “ça marche”. Ce qui me touche chez un chanteur ou une chanteuse, c’est l’essence, l’authenticité et qu’il n’en ait rien à foutre de ce qui se fait ou pas. Il y a du caractère et de l’intelligence là dessous et ça m’intéresse. Mélanger les voix et les univers, cela peut être très beau et pourquoi pas avec une de ces chanteuses ! Ce serait inattendu, c’est certain..
Plus sérieusement, est-ce que ce n’est pas plutôt du côté de Bashung ou Arno qu’il faut chercher tes influences ?
Mes influences viennent du rock et du blues, bien sûr, mais aussi du lyrique. Si je n’avais pas pris le chemin de la variété, j’aurais adoré interpréter des rôles de tragédiennes par exemple. L’opéra et les chanteurs c’est très rock tout cela ! Évidemment Arno, Bashung sont très importants dans mon paysage. Ce qui me touche, ce sont les failles, la puissance et la force dans l’interprétation mais bien évidemment aussi les textes. La musique reste un habillage autour du texte et bien entendu de la voix. Si alchimie il y a entre tout cela, on approche selon moi du divin, c’est l’extase.
Le chant en français, à une période où beaucoup font le choix de l’anglais, c’était une évidence ?
Je ne me suis même jamais posé la question car les mots, le texte ont trop d’importance à mes yeux et puis, même si j’aime beaucoup la culture rock anglaise et qu’on me prend souvent d’ailleurs pour une anglaise, je reste française. J’écris mes textes mais j’ai aussi ouvert récemment un blog et j’aime trop manier les mots pour pouvoir m’en passer. Mes choix de chansons en anglais, s’il y en a, sont pour la plupart des coups de cœur comme Hurt, une cover de Johnny Cash reprise sur scène aux côtés de France de Griessen ou, plus récemment, Rock N’Roll Suicide de David Bowie.
Ton premier album s’appelle Nouvelle Ère. J’aime beaucoup ce titre. Qu’est-ce qu’il signifie pour toi ?
Nouvelle ère est le titre de la chanson d’ouverture de l’album. Au moment de choisir le titre, ce fut une évidence car il avait une signification à la fois personnelle, tel un nouveau départ au regard de mon histoire et de mon vécu, mais aussi de manière plus générale, c’était un message d’espoir : au-delà d’un contexte difficile, de réalités de plus en plus désagréables, on peut toutefois garder la lumière avec soi, il faut essayer de conserver la flamme, ce moteur qui, selon moi, nous mène moins rapidement à la mort, me semble-t-il. C’est d’ailleurs étrange mais plus j’avance et plus il me semble que ce titre peut devenir intemporel car (malheureusement) de plus en plus à propos.
Tu as récemment repris la chanson de David Bowie Rock’n’roll Suicide. Pourquoi ce titre en particulier ?
L’idée de reprendre Bowie remonte à un an. J’avais en tête de faire une reprise en anglais. Je me suis tournée vers Bowie et, plus précisément, intéressée à l’époque de Ziggy Stardust, personnage énigmatique. Je suis tombée sur Rock N’roll Suicide que j’ai trouvée parfaite en terme musical, arrangements. Bref, un morceau ayant beaucoup de classe. C’était cette chanson. Puis, encore une fois, le message était fort. Le morceau était tel dans la construction qu’il démarre très doux pour terminer de manière très puissante, écorchée. Tout était réuni pour me faire succomber. J’ai donc, pour aller au bout de cela, embarqué les fidèles à mes côtés.
Que penses-tu par ailleurs du retour de David Bowie ?
Je trouve que c’est très bien. Nous avons besoin de ces artistes dans le paysage musical actuel… Puis il ne faut pas oublier sa carrière incroyable, son travail sur l’image, ses recherches au-delà de sa musique sont très instructives et démontrent encore une fois que chanteur est un métier où rien n’est à négliger. Son parcours est plus que respectable.
Le clip de Rock’n’roll Suicide est sorti récemment. Comment s’est passé le tournage ? Une belle expérience, j’imagine ?
Nous avons sorti le clip le 22 mars dernier. Auparavant, nous avions fait des repérages sur les lieux, sous la neige ! Un paysage totalement paradisiaque. Cette aventure a été folle du début à la fin, j’en resterai d’ailleurs marquée à vie. Des moments comme ceux-là, ça ne se vit pas tous les jours. Pour ce projet, il fallait être absolument accompagnée d’une équipe aussi kamikaze que moi et c’est ce que j’adore. Rien ne s’est vécu à moitié sur ce projet, c’est fort et ça donne le sens finalement. Et puis, au-delà de ce tournage, ce clip c’est aussi une vraie et belle rencontre en la personne de Pierre Terrasson mais aussi de sa fille Julie Terrasson, réalisatrice. J’ai aussi eu énormément de chance de réunir autant de talents autour de ce projet, que ce soit pour le montage, le stylisme/make up, les prises de vues… Privilégiée.
Quelles sont les prochaines échéances pour toi ? Je crois que tu as plusieurs dates prévues ces prochaines semaines ?
Les prochaines échéances sont en effet des premières dates de concert dont le 12 avril prochain à Septèmes (près de Marseille). Un moment que j’attends avec beaucoup d’impatience et d’émotion. Je serai à Paris le 23 mai prochain au Cavern Club. Le public pourra découvrir l’équipe de musiciens qui m’accompagnent : Vassia ZAGAR à la guitare et Sébastien LION aux claviers. Une fois qu’on aura fait vivre les titres sur scène, je penserai à la prochaine étape, sans doute un album..

YSÉ – “Rock N’ Roll Suicide” (Cover David Bowie) from yse on Vimeo.

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