Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.120 : Green Eyes

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En cette période de rentrée scolaire, fleurissent, comme les cerisiers au printemps, les cours de méthodologie de la dissertation. Je n’ai jamais rien connu de plus ennuyeux…

Existe-t-il personnage plus rébarbatif que l’austère professeur qui vous explique doctement comment emprisonner vos belles idées dans un strict carcan ? On se l’imagine assez, le weekend venu, enfermer des oiseaux dans des cages, persuadé, au fond de lui, de contribuer à leur bonheur. On se le représente encore, quelques années plus tard, lorsque ses filles auront atteint la puberté, comprimer leurs poitrines opulentes sous d’inconfortables corsets. Ces gens-là n’aiment pas ce qui dépasse. Un sein, une haie, une idée, placés là où on ne les attend pas, c’est pour eux le comble de l’horreur. Une bonne idée est une idée qui repose entre quatre planches. Ils vous disent, deux points, ouvrez les guillemets, analysez bien le sujet, notez les mots-clés, les idées-force sur votre brouillon, et blablabla. Arrivé là, si l’auditoire ne s’est pas encore endormi, ça relève du miracle. Chapitre 1, alinéa 2, en rouge, à trois carreaux de la marge : l’introduction. Règle N°1 : il est interdit de commencer par “De tous temps, l’Homme…”. Règle N°2 : éviter de commencer par une citation. Par pur esprit de contradiction,  et puisqu’on parle d’un chanteur qui s’appelle Green Eyes, je citerai André Malraux : 

“Chacun de nous ignore la couleur de l’iris de presque tous ses amis. L’œil est regard : il n’est œil que pour l’oculiste et pour le peintre”.

Tu l’as dit Dédé. Que les yeux de Green Eyes soient verts, honnêtement, on s’en bat l’œil. Sa musique, par contre, c’est autre chose. Si tu me permets, ami lecteur, de danybrillantiser, je te dirais que quand je vois ses yeux, je m’en tape le nœud mais quand j’entends sa voix, je suis fou de joie. Tu te demanderas sans doute longtemps ce que vient foutre Dany Brillant dans cette chronique. Franchement, je n’en sais rien mais, au passage, je souhaite bon courage à l’heureux élu qui se tapera de traduire mon papier à l’artiste. Holy fuck, mate ! It doesn’t make any sense. That fucking Frenchman must have been high when he wrote those words. Mais cessons, si je le veux bien, de digresser et revenons à Green Eyes, ou Michael Kilfoyle pour l’état civil. Michael est le frère d’un autre Kilfoyle, lui-même chanteur d’un groupe qui s’appelle Minks. Oui, je sais, on s’en tape mais, faute d’autres éléments biographiques, je fais avec ce que j’ai. Outre des yeux verts, Michael Kilkfoyle arbore une mèche de cheveux impressionnante qu’il porte préférentiellement sur le côté. Ça lui donne un côté un peu torturé, vous ne trouvez pas ? Bon, OK, on avait dit : “Pas le physique” ! Et sa musique, sinon, on pourrait peut-être en parler, non ? Je savais bien qu’il manquait quelque chose. Sa musique ? Formidable. Venue d’un autre temps, délicieusement surannée. Michael Kilfoyle est un crooner à l’élégance ravageuse. Un mec qui a l’air de s’être paumé dans le 21ème siècle après un voyage temporel et qui semble n’avoir rien à foutre là. Démodé, délicatement inadapté, Kilfoyke est de la race des losers magnifiques. Aussi beau et incongru qu’une fleur tropicale poussant sur un terril. Rare et inestimable. *

* Ami lecteur, si tu penses que c’est la pire chronique musicale que tu aies jamais lue, sache que je l’ai lue aussi et je suis entièrement d’accord avec toi.

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