Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.148 : Spies

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Où il est question de bêtes sauvages, de coucher de soleil, d’homme-sirène et du capitaine Achab…

Éloigne-toi, petite, le jour se meurt. La nuit est tombée bien bas et moi aussi. J’entends déjà au loin le galop des animaux affolés. Bientôt, les bêtes sauvages viendront me piétiner. Il vaut mieux que tu ne sois pas là. Qui sait – elles pourraient s’en prendre à toi aussi. Pars. Laisse-moi tranquille. Demain, je t’emmènerai loin, là où personne ne nous trouvera.

Réveille-toi, petite, c’est l’heure. Ici, il n’y a plus rien pour nous. Les bêtes ont tout dévasté. La seule chose qui existe encore, c’est notre avenir. Il nous attend là-bas, quelque part. Ailleurs, n’importe où. Quoi ? Tu n’as jamais vu la mer ? Il paraît que c’est magnifique. Si on se presse un peu, on peut y être  pour le coucher du soleil. Ensuite, on s’embrasera pour quelques secondes d’éternité.
Nos souffles se mêleront à celui du vent. Le mouvement des vagues s’accordera à notre va-et-vient. De loin, nos deux corps enlacés ressembleront à un coquillage géant. Sous notre carapace, à l’abri des regards indiscrets, nous laisserons tomber le jour. On n’entendra plus que le bruissement de l’eau et, là-bas, au large, le chant des créatures marines.

Je me suis souvent demandé à quoi ressemblerait le chant d’un homme-sirène. A l’écoute de Sea Creature, le nouvel EP des Irlandais de Spies, j’entrevois quelques éléments de réponse. La voix de Michael Broderick a la chaleur et la profondeur des abysses. Quand elle remonte à la surface, c’est pour mieux t’envelopper de son envoûtante présence. Difficile, dans ces conditions, ne pas succomber à l’envie de se jeter à l’eau dans son sillage. Allez, suis-moi, petite, on y va.

Dès les premières écoutes, Sea Creature nous entraîne vers le large. Broderick, le capitaine Achab du navire, se régale des grands espaces. Les autres espions sont plus discrets, ils avancent à pas feutrés, ondulent comme une mer calme ou peu agitée. Les Spies auraient (presque tout) ce qu’il faut pour remplir les stades mais ils semblent aussi (presque) assez fous – ou lucides – pour continuer de mener leur barque à l’abri des tentations faciles. Quant à nous, petite, contentons-nous de fuir en profitant du plaisir de l’instant.

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