Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.19 : California Condors

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Je n’ai pas la prétention de vous infliger un cours d’ornithologie. Loin de moi l’idée de vous inciter à vivre, tête en l’air, scrutant les cieux pour admirer la trajectoire gracieuse de tel ou tel volatile en voie de disparition. Premièrement, vous pourriez tremper votre beau soulier  tout neuf dans quelque déjection canine, ce qui n’est jamais très agréable, convenez-en. Mais, pire encore, vous risqueriez fort d’oublier vos achats de Noël, laissant, le soir du réveillon, votre belle-mère devant une boîte de sardines qui lui inspirera derechef une nostalgie non feinte pour la traditionnelle dinde aux marrons doublée d’une détestation sincère de son futur ex-gendre. Quant à vos marmots, privés de cadeaux, il y a fort à parier qu’ils ne vous adressent plus la parole pendant plusieurs mois, surtout si leur mère, excédée, prenait la décision soudaine mais légitime, au vu des circonstances, de faire sa valise et de vous laisser tomber comme une vieille chaussette, non sans vous avoir, juste retour des choses, préalablement accablé de quelques noms d’oiseaux. Voilà à quoi s’exposent les ornithologues, c’est aussi simple que ça…Je vous épargnerai donc un long exposé sur les oiseaux. Mais permettez-moi tout de même de vous dire quelques mots sur le Condor de Californie. Avez-vous déjà vu un Condor de Californie? Non? Moi, non plus. C’est magnifique, paraît-il. L’un des plus gros oiseaux du monde. Et, pourtant, disent ceux qui s’y connaissent, il est en voie de disparition. Mais, bon sang de bonsoir, quand va-t-on enfin parler de musique dans cette chronique? 
Nous y voilà. La découverte du jour, de la semaine, du mois, de l’année, du siècle? Un trio appelé California Condors, les condors de Californie. Leurs points communs avec les volatiles du même nom: ils volent très haut dans les sphères du rock, leur musique peut vous faire planer et ils cultivent un style en relative voie de disparition, un rock de haute voltige qui évoque aussi bien Led Zeppelin que Pink Floyd sans, pour autant, nous replonger complétement 40 ou 50 ans en arrière. D’abord, ni Led Zep, ni Pink Floyd ne sont démodés. Et, en plus, les California Condors, outre une maîtrise totale de leurs classiques rock (j’ose à peine imaginer la discothèque des ces trois-là!), ont une qualité mélodique qui n’a rien à envier à un groupe comme Midlake, par exemple. Leur premier album, Calm Carnivore, est un concentré de rock à guitares à la fois puissant et soyeux. Il est indéniable que ces oiseaux-là sont de remarquables musiciens, capables de donner des textures variées à leurs chansons et de créer un univers riche et dense. Cela mérite quand même d’être souligné car on ne peut pas dire que la virtuosité technique soit aujourd’hui la valeur la plus prisée dans le rock indé. La plupart des groupes actuels sont relativement médiocres musicalement. Ici, c’est du très lourd. Quand on pense que des gens aussi talentueux ne sont pas signés alors que les nullissimes Foster The People sont mondialement encensés, ça fait froid dans le dos.
En tout cas, un groupe qui ne laissera pas indifférents les ornithologues musicaux, ceux qui ont toujours la tête dans les étoiles, ceux qui aiment à la fois les classiques du rock, le psychédélisme et le folk-rock plus récent. Leurs qualités musicales leur permettent d’imposer un style très riche tout en opérant de légères variations. A mon avis, vous en entendrez bientôt parler car leur premier album est, en ce qui me concerne, l’un des meilleurs disques entendus cette année. Comme c’est bientôt Noël et si vous avez réussi à supporter toutes mes considérations ornithologiques, je vous offre un beau cadeau: l’album de California Condors en écoute intégrale…

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