Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.30 : Tribes

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Après une grosse semaine de boulot – les plus perspicaces d’entre vous auront remarqué mon rythme de publication aléatoire ces derniers jours – et vu mon état de fatigue avancé, je ne me sens pas d’humeur à disserter sur une œuvre de musique savante ou à vous livrer une critique circonstanciée de L’Être et le Néant. Néanmoins, comme je suis sûr que, parmi vous, se cachent de nombreux admirateurs de Jean-Sol Partre, je ne résiste pas au plaisir de vous livrer cette petite anecdote savoureuse. Savez-vous pourquoi, lorsque Sartre a publié L’Être et le Néant, en 1943, les ventes se sont envolées au bout de quelques jours à la grande surprise des libraires et des éditeurs? Eh bien, il se trouve que l’ouvrage pesait exactement 1 kg. Or, tous les métaux ayant été fondus pour fabriquer des armes, y compris les poids des balances, les femmes utilisaient le pavé de Sartre pour tarer leur balance. Qui osera dire après ça que la philosophie ne sert à rien? Mais, de philosophie dans cette chronique, il ne sera pas question. Retournons-en à quelque chose de plus léger et accessible avec la nouvelle sensation du brit-rock à guitares, Tribes, et leur premier album Baby.
Déjà plusieurs jours que je conservais ce petit bijou dans mes cartons et, là, je ne résiste plus à l’envie de vous le faire découvrir. Il y a dans cet album quelque chose qui m’attire irrésistiblement. Une sorte d’énergie mélancolique à la fois fragile et sexy. Quelque chose d’immédiat qui, dès la première écoute, fait de Baby un album indispensable. Tribes ne révolutionne pas le rock mais, en quelques morceaux, réinvente à sa sauce nonchalante et sensuelle, un cocktail de grunge, de pop, de glam-rock et de brit-pop. Les influences, des Pixies à David Bowie, en passant par Oasis ou Suede, sont clairement revendiquées et, pourtant, à aucun moment, on n’est tenté de crier au plagiat. Il y a chez Tribes une élégance mélodique et une sincérité évidentes. On n’a pas affaire ici à un groupe de poseurs à l’attitude savamment calculée. Tout chez ces quatre-là est dans le contraste. Entre le rock glamour et l’apparence négligée. Entre la désinvolture des compositions et la lucidité désabusée des paroles. Les quatre jeunes britanniques réussissent la prouesse de donner un coup de jeune à un style musical qui semblait pourtant éculé et offrent une alternative pleine de charme et d’énergie à l’électro-pop-rock qui semblait avoir sonné le glas du rock à guitares. Voilà un retour vivifiant des cordes vibrantes dont on ne peut que se réjouir.
Sorti cette semaine, Baby s’annonce d’ores et déjà comme l’un des disques qui marqueront l’année 2012. En témoignent les nombreux commentaires que l’album a déjà suscité outre-manche. Gageons qu’en France, la déferlante Tribes ne devrait pas tarder à se faire entendre et à tout emporter sur son passage. En tout cas Baby est un grand disque, simple mais terriblement efficace dont on ne se lassera pas de sitôt. Le seul problème pour les chroniqueurs musicaux sera de départager, au moment des bilans, les deux titres qui suivent pour élire la chanson de l’année. Je vous laisse vous faire votre propre opinion.

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