Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.31 : Alabama Shakes

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Quand je m’égosille sur ces groupes que les autres écouteront dans un an, parfois, j’ai bien conscience de formuler un vœu pieux tant certains artistes me semblent condamnés à un éternel anonymat. On peut toujours déplorer que ce qu’on aime ne trouve pas grâce aux yeux du plus grand nombre. On peut aussi s’en réjouir tant ce qui suscite l’enthousiasme des foules est souvent entaché d’une médiocrité qui provoque, chez l’homme de goût que je suis, un dégoût immédiat. Il y des artistes qui sont tellement hors du temps, hors des modes, hors des standards et des figures imposées, qu’ils ne sont finalement réservés qu’à un nombre restreint d’auditeurs éclairés. On n’y peut pas grand-chose si ce n’est essayer, comme je m’y efforce, de les rendre accessibles à ceux qui ont l’oreille assez curieuse pour s’y intéresser. Et puis, il y a ces artistes rares qui s’annoncent, dès la première écoute, comme des candidats au raz-de-marée planétaire. C’est à coup sûr le cas d’Alabama Shakes dont tout le monde, même les Inrocks, s’accorde à dire qu’on n’a pas fini d’en entendre parler.
En tête des ventes sur Bandcamp depuis de nombreuses semaines, le quatuor emmené par la phénoménale Brittany Howard semble promis à un avenir radieux. Imaginez une sorte de Sharon Jones survoltée accompagnée par un groupe de musiciens placides et appliqués et vous aurez une vague idée de ce à quoi ressemble Alabama Shakes. A l’origine, la diva Brittany apprend la guitare et, quelques années plus tard, propose à un mec de sa classe, qui porte des T-shirts à l’effigie de groupes de rock que personne ne connaît, de venir jouer de la basse avec elle. Ils commencent à faire ensemble à la fois des reprises et des compositions qui forgeront le style des Shakes. Dans le seul magasin de disques de leur ville, ils persuadent l’un des vendeurs, batteur, de les rejoindre puis enrôlent le guitariste du meilleur groupe de leur lycée. 
Il n’aura pas fallu longtemps pour que les Shakes, désormais rebaptisés Alabama Shakes, sortent de la confidentialité et s’apprêtent à conquérir le monde entier. Leur recette? Un rock à la cool, mâtiné de soul et de blues et, surtout, la surpuissance vocale de Miss Howard, capable de jouer sur toute la gamme des émotions, de la mélancolie la plus râpeuse à l’ébahissement le plus enthousiaste. Britanny Howard est d’ores et déjà en train de s’imposer comme la chanteuse rock la plus intéressante des années à venir. Entre des performances scéniques époustouflantes, un EP (en écoute ci-dessous) qui ressemble plus à un tsunami musical et un album prévu pour début avril, nul doute que Alabama Shakes, déjà adoubé par Jack White des White Stripes, est prêt à exploser totalement en 2012.

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