La vie est une succession de rendez-vous manqués et de hasards qui font parfois bien les choses. Hier, en fin d’après-midi, j’aurais dû être à Strasbourg, au concert de Michel Cloup. Que Michel me pardonne, mais une semaine riche en émotions diverses, conclue en apothéose par un dégât des eaux dans mon garage, a eu raison de ma motivation. Crevé, les pieds dans la flotte, un tuyau percé à la main. Sans mon voisin et mon beau-père, dont les compétences en bricolage surpassent allégrement les miennes, j’étais bon pour enfiler des bottes de pluie et vider des seaux toute la nuit. Au final, si je poste un billet sur J’ai tout lu, tout vu, tout bu…et non sur Vie de Merde, c’est que tout a fini par rentrer dans l’ordre. Pas de Michel Cloup, mais quelques coups de marteau bien placés plus tard, j’étais déjà sur le Net en quête de bonnes choses à me mettre dans les oreilles. C’est bien connu, ces temps-ci, les bonnes choses viennent souvent de Montréal. Et cette fois encore, avec Maica Mia, la capitale du Québec nous offre un groupe audacieux, hors des modes et des chemins balisés.
Maica Mia, c’est un duo composé de Maica Mia et de Jonny Paradise qui oscille, comme disent les pédants, entre psych-folk minimaliste et slowcore, ce qui ne veut à peu près rien dire pour le commun des mortels. Plus clairement, c’est une sorte de folk-blues désaccordé sur lequel la voix grave et mélancolique de Maica vient se poser gracieusement. Maica Mia vient de sortir un album intitulé Sparcity Blues, qui, aux dires de la chanteuse, marque la fin d’un chapitre pour le groupe. Alors que Maica et Jonny jouent ensemble dans diverses formations depuis 5 ans, le duo semble aujourd’hui s’orienter vers une approche plus expérimentale, sortir des schémas habituels et de sa zone de confort. La plupart des chansons de Sparcity Blues datent de quelques années et ont été écrites par une Maica plus jeune. Il n’en reste pas moins le timbre de voix envoûtant de la jeune chanteuse et cette atmosphère sombre et évocatrice qui entoure les morceaux, à grand renfort de boucles languissantes et d’arpèges bancals. Même le morceau Girl, reprise d’un succès archi-connu des Beatles, semble tout droit sorti d’une autre dimension, tant l’interprétation de Maica Mia est touchante et personnelle.
La nouvelle direction, plus expérimentale, que le duo est en train de prendre, devrait révéler une palette encore plus large de Maica Mia. A l’écoute de Sparcity Blues, le groupe s’annonce déjà comme l’un des projets à suivre de très près au cours des années à venir. Apparemment, ils travaillent déjà sur un prochain album. J’ai hâte d’entendre le résultat. A mon avis, nous ne sommes pas au bout de nos surprises et de nos émotions.
