Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.53 : Wetlands

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Avant un break pascal en (belle-)famille, dans quelque endroit paumé dénué de connexion wifi et avant, donc, de t’abandonner, cher lecteur, à ton triste sort pendant quatre longues journées (Et oui, en Alsace, le vendredi saint est aussi jour chômé, hopla!), je me suis dit que tu avais bien mérité une dernière petite attention. Déjà, dans la valise préparée à l’avance, polos et bermudas ont cédé la place aux bonnes vieilles doudounes et écharpes de l’hiver qu’on croyait passé depuis longtemps. Le petit coquin n’était pas parti, il se cachait derrière le rideau bleu du ciel et, hop, voilà qu’il entreprend de perturber chasses aux œufs, balades digestives ou toute autre activité de saison. Qu’à cela ne tienne car la petite musique que je t’ai réservée saura remettre dans ton cœur le bleu qui manquera à ton décor. En grand maître de la langue de Shakespeare que tu es, il ne t’aura pas échappé que Wetlands se traduit littéralement par Terres Humides. Mais sois rassuré, la seule humidité sécrétée par ce groupe originaire de Santa Barbara provient de la moiteur torride que dégage leur musique.
Pas facile de se procurer des informations sur Wetlands. Autant leur musique est exubérante et part dans tous les sens, autant les membres du groupe sont discrets. Pas de site officiel, pas de page Facebook, ou alors il faut que je reprenne des cours sur les moteurs de recherche. Une volonté de s’effacer derrière la musique proclamée haut et fort sur leur page Bandcamp: No story. We are who we are (Pas d’histoire. Nous sommes qui nous sommes). A force de persévérance, j’ai quand même pu glaner quelques infos. Tout commence en 2009 quand Jeremy Reineck, étudiant en littérature anglaise à l’Université de Californie, chanteur et claviériste, forme un quatuor avec ses compères Victor Murillo à la basse, Justin Flint à la betterie et Dusty Ineman au synthé et aux percussions. Bientôt rejointe par Jared Yee au saxophone et Miguel Leon aux congas, aux timbales et aux percussions, la petite troupe développe un son original sur fond de rythmiques sensuelles et envoûtantes. Très rapidement, le groupe trouve sa place sur la scène locale, joue dans des salles de plus en plus prestigieuses et attire les convoitises des maisons de disque. 
Ce n’est pas leur magnifique premier EP In the Raw qui viendra contredire ce succès grandissant. C’est certainement l’un des disques les plus sexy et les plus entêtants que j’ai entendus ces derniers mois. Il y a chez Wetlands un goût prononcé pour les rythmiques exotiques. Afrobeat, funk, indie-pop, dance, soul, le groupe réussit le pari de mélanger tous ces ingrédients dans un cocktail sonore sur-vitaminé qui ferait danser même un cul-de-jatte jusqu’au bout de la nuit. Il y a une audace étonnante chez ces gamins d’à peine une vingtaine d’années, une façon désinvolte de s’approprier des styles qui pourraient passer pour ringards et d’en faire sortir une musique étonnante, aussi détonnante que détonante. Wetlands ne semble pas s’imposer de limites et se montre capable, en sept morceaux, de vous faire remuer les fesses à coups de rythmes funky (In the Raw), de vous plonger dans la rêverie avec un interlude chopinesque ou de vous emmener dans une faille spatio-temporelle avec une musique qui ressemble fort à un générique de feuilleton des années 70 (Gentle Spirit), le tout avec un égal succès et un talent sans égal. Alors, allez-y les yeux fermés, achetez leur EP sur Bandcamp (de toute façon, si vous voulez écouter les sept titres, vous n’avez pas le choix et, en plus, vous ferez une bonne action puisque les profits sont reversés à une association de lutte contre la pauvreté au Guatemala) remuez vos popotins et oubliez la pluie. Wetlands, c’est de l’or en barre. Garanti à 100% par J’ai tout lu, tout vu, tout bu…

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