Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.54 : Mikah Sykes

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Allez savoir pourquoi. Depuis quelques temps, toute soirée arrosée s’accompagne irrémédiablement d’un lendemain d’expiation. Alors, samedi dernier, après une soirée de gala passablement alcoolisée, paracétamol et boissons au cola sont mes meilleurs amis. Il faut dire que je tiens là une gueule de bois de bien belle facture. Une poigne vicieuse m’étreint le foie. J’ai l’impression que mes cheveux poussent vers l’intérieur. De quoi me rappeler, s’il en était besoin, que je n’ai plus 20 ans. Je trimballe ma trentaine bedonnante entre le salon et les chiottes. Heureusement, c’est bien connu, la musique adoucit les mœurs et les bides en vrac. Pas le moment de s’envoyer du death metal hardcore ou de se trémousser sur la Saga Africa. Non, quelque chose de serein, de paisible, sans heurts et sans secousses, voilà ce qu’il me faut. Comme souvent ces derniers temps, j’ai le réflexe Bandcamp. Il n’y a plus qu’à dénicher la perle rare dans cette véritable mine d’or musicale. Et voilà que je tombe sur un album au titre rêvé en pareilles circonstances, le bien nommé Love Consequences and Serenity, dernier disque en date d’un artiste dont je n’ai jamais entendu parler, Mikah Sykes.
Disons le tout net, c’est le coup de foudre immédiat. Sans aucun doute le meilleur album folk que j’ai entendu cette année. Quand on parle de folk, on a souvent en tête l’image un peu étriquée du hippie barbu défoncé jouant les trois mêmes accords sur sa vieille guitare acoustique en ânonnant des paroles mystiques. Avec Mikah Sykes, on en prend plein les oreilles. En 36 morceaux, il nous fait un tour à 360° de tout ce qu’on peut ranger aujourd’hui sous l’étiquette folk. Musique ambiante, néo-folk, folk psychédélique, tout y passe dans cet album radieux qui emmène l’auditeur dans un voyage sonore ensoleillé et accueillant. Rarement je ne me suis senti aussi bien en écoutant un disque. Le sentiment de plénitude qui se dégage de ce Love Consequences and Serenity est tout bonnement extraordinaire. Le titre tient toutes ses promesses. La sérénité se trouve indéniablement au détour de ces ballades tantôt délicates tantôt complexes. Mikah Sykes atteint toujours le juste milieu entre pureté acoustique et volonté d’expérimentation. Le disque s’écoule avec une fluidité remarquable. Son jeu de guitare en picking touche dans le mille à tous les coups et tire sur la corde sensible sans jamais tomber dans le pathos. Entre minimalisme plaintif et luxuriance musicale, il livre ici un disque qui fait de lui l’un des songwriters les plus enthousiasmants de ces dernières années. Repéré en 2006 par John Frusciante et invité par le Red Hot Chili Pepper à enregistrer son précédent album dans son home-studio de Los Angeles, Sykes reste malgré tout relativement confidentiel. Faut-il se réjouir lorsqu’on découvre au détour d’un chemin des artistes aussi talentueux ou faut-il au contraire s’émouvoir que des gens tellement doués soient si peu valorisés par l’industrie musicale? Je vous laisse vous faire votre propre opinion en écoutant ce véritable chef-d’œuvre…

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