Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.57 : King Charles

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Je regarde très peu la télévision. Tout juste le minimum pour justifier le paiement annuel de ma redevance. Et, pourtant, la nuit dernière, aux alentours de 1h10, il se trouve que, par le plus grands des hasards, j’effectue un rapide tour d’horizon des programmes nocturnes. Je tombe alors sur l’émission Taratata et sur ce drôle de personnage à la chevelure abondante et à la moustache finement taillée, qui se déchaîne sur sa guitare électrique.  J’ai dû y regarder à deux fois, pour m’assurer qu’il ne s’agissait pas là d’un nouveau travestissement du fantasque Sacha Baron Cohen. Mais non, le bonhomme est garanti sans contrefaçon. Il émane de lui un charisme, une aura comme on n’en a pas vus depuis longtemps. Accompagné d’un groupe de musiciens et de choristes au diapason, il dégage une fougue et une énergie peu communes. Pas de doute, il est de ceux qui savent électriser les foules. Il est de la race des gourous, des messies qui emmènent les masses de fidèles dans leur sillage. King Charles, puisque c’est ainsi qu’il se fait appeler, est un phénomène. Certes, je doute que Stéphane Bern consente à rédiger son hagiographie mais il ne devrait pas tarder à affoler tout le microcosme musical et a, à mon sens, de bonnes chances de réconcilier les critiques les plus pointilleux et les patrons de radio les plus avides.
King Charles ne fait rien comme tout le monde. A défaut d’avoir Stéphane Bern, c’est moi qui vais me coller à la biographie de Sa Majesté. Très jeune, il donne son premier concert dans un groupe spécialisé dans les reprises de Kiss. Je ne sais pas s’ils poussait le mimétisme jusqu’au bout mais j’ai quand même de la peine à l’imaginer peinturluré de blanc et de noir et grimaçant toute langue dehors. Ensuite, changement de cap, c’est vers la musique country que se tourne le jeune homme. Durant son adolescence, il passe son temps à lire, à écouter de la musique, à penser et à jouer. Il découvre Bob Dylan et Oscar Wilde qui restent aujourd’hui deux de ses principales sources d’inspiration. Chez l’un, il puisera le sens de la mélodie et le poids des mots et, chez l’autre, une attitude de dandy qui aspire à faire de sa vie une œuvre d’art permanente. En 2009, après un accident qui a bien failli lui être fatal, il se rend aux États-Unis pour assurer la première partie de Mumford & Sons. Il devient le premier britannique à remporter le prestigieux International Songwriting Contest de Nashville. Dans une semaine sortira son premier album intitulé Loveblood et, selon moi, c’est le carton assuré. 
Il serait injuste de réduire King Charles à une vignette de personnage mégalomane et loufoque. S’il y a une part de mise en scène – “les femmes ont une sorte d’autorité naturelle sur scène, les hommes sont obligés de jouer”, répondait-il à une question de Nagui dans Taratata – ce qui ressort surtout, c’est son incroyable talent de compositeur. ce garçon sait écrire des chansons pop joyeuses et colorées qui capturent parfaitement l’air du temps. Savant mélange de mélodies folk, d’afro-beat, de riffs de guitare acérés et de psychédélisme électronique, sa musique sonne comme un véritable feu d’artifices sonore. D’une chanson à l’autre, et même à l’intérieur d’un même morceau, ça fuse dans toutes les directions avec une puissance et une énergie qui emportent tout sur leur passage. King Charles joue, chante, rappe, fait le show avec une efficacité communicative. Je vous le répète, son album s’annonce d’ores et déjà comme un des événements musicaux de l’année. Quant à lui, ce pourrait bien être l’un des artistes majeurs des prochaines décennies. Il en a assurément le talent. Il ne nous reste plus qu’à souhaiter “Long life to the King.”

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