Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.65 : Gomina

Browse By

Aujourd’hui, grand beau temps sur toute la France. Enduisez vous de crème bronzante, sortez les canotiers, préparez les glaçons, les cieux sont avec nous, le soleil est de la partie. Pour ceux qui ont la mer à portée de main, roulades dans le sable chaud et plongeons tête la première dans l’eau salée. Pour les autres, piscine gonflable dans le jardin et à l’eau toute la petite famille. Femme, enfants, veaux, vaches, cochons, trempés mais contents. Il en faut peu pour être heureux. Un petit air de vacances qui vous trotte dans la tête et installe sur votre face rougeoyante un sourire radieux. Oubliés le temps d’un weekend à rallonge la grisaille de la ville, la pollution de l’air, les varices de la grand-mère, les courriers du Trésor Public, les caries des enfants. Vous auriez presque envie de rouler une galoche à votre voisin maniaco-dépressif, celui qui vous emmerde à cause des haies qui dépassent. Mauvaise idée, assurément, mais puisqu’il fait beau, tout vous semble possible, même arracher un sourire à cette bonne vieille tête de con. Sachez, éternel optimiste que vous êtes, que mettre du soleil dans la grisaille, c’est possible avec le premier album de Gomina, justement intitulé Into the Sunny Gray.

Ceux qui, entendant le nom du groupe, s’imagineraient une troupe de rockers aux cheveux lisses et brillants sillonnant les côtes normandes en reprenant les standards de Gene Vincent ou d’Elvis Presley, feraient fausse route. Si le quatuor caennais connaît ses classiques, c’est davantage dans le psychédélisme et la pop des années 60 que dans le rock’n’roll des années 50 qu’il faut chercher leurs influences. Capables, avec un égal succès, de balancer des perles pop d’une évidence désarmante ou de mettre en œuvre des trésors d’inventivité pour délivrer des expérimentations sonores de haute voltige, les Normands sont en train de se faire une place de choix sur la scène indépendante hexagonale. Combien de nos représentants aujourd’hui sont capables, dans ce registre, de rivaliser avec les meilleurs groupes anglo-saxons? Les claviers hypnotiques de Gomina sont de ceux qui vous emmènent vers d’autres cieux, d’autres galaxies. Les arrangements, tout au long de l’album, se conjuguent au plus-que-parfait. Les voix, classieuses, élégantes comme du velours, sont, à proprement parler, ravissantes. Into the Sunny Gray est d’une beauté formelle à couper le souffle et d’une audace rarement atteinte dans la pop française. Loin de se contenter de ressasser le passé à sa petite sauce, Gomina offre à la scène hexagonale de nouvelles perspectives. Je me mouille un peu mais, pour moi, Into the Sunny Gray est certainement ce qu’on a fait de mieux au pays des 400 fromages depuis le début d’année. J’avais déjà eu l’occasion, avec Granville, de faire un petit crochet musical en Normandie. Je le dis et je le redis, c’est toujours pas la Californie, la Normandie, mais avec Gomina, ça y ressemble de plus en plus…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Afficher les boutons
Cachez les boutons