Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.94 : Super Best Friends Club

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L’autre jour, alors que j’allais chercher mon fils chez la nounou, deux enfants, sur le trottoir d’en face, me fixent avec attention. Il pleut. Je porte une doudoune bleue avec la capuche enfoncée sur la tête. Avec un regard de gosse, j’imagine que je dois ressembler à une sorte de ptit bonhomme des bois qu’on trouve dans les livres illustrés.
– Monsieur, interpelle timidement le premier enfant, pourquoi elle est vide, votre poussette?
J’aurais pu répondre la vérité mais la vérité est tellement ennuyeuse parfois. Je décidai de prendre un autre chemin.
– Elle n’est pas vide. Il y a un bébé à l’intérieur. Regardez bien.
Les deux garçons s’approchent, intrigués et examinent consciencieusement le contenu de la poussette.
– Mais, il n’y a rien, s’écrient-ils en choeur.
– Mais si, il y a un bébé. Ce n’est pas parce que vous ne le voyez pas qu’il n’est pas là.
– …
– C’est un bébé un peu spécial. Il est … Comment dire ? Invisible !
– Mais, monsieur, c’est pas possible, un bébé invisible…
– Taratata, ce n’est pas parce que c’est impossible que ça n’existe pas. La preuve, c’est qu’il y a des tas de choses apparemment impossibles qui existent dans ce monde. L’ornythorinque, la glace au schtroumpf et Gérard Depardieu, tiens, ça existe, tout ça, non ?
– …
– Ca existe ou pas?
– Euh…oui
– Ben vous voyez…
– Et le Super Best Friends Club, ça existe aussi…
– Le quoi ?
Un groupe de six gugusses, dont un professeur de yoga et un cinéaste, qui apparaissent à moitié à poil en concert et tirent leur nom de scène d’un épisode de South Park, voilà qui n’est pas banal. Qu’on se rassure, leur musique ne l’est pas non plus. Je souhaite bon courage aux journalistes peu inspirés qui se feront un devoir de citer leurs influences. Autant essayer d’apprendre par cœur l’annuaire téléphonique. Les neuf morceaux qui composent leur premier album offrent un joyeux bordel ésotérique, cosmique et extatique. Le disque fourmille de bonnes idées. Ça fuse dans tous les sens sans la moindre inhibition. Ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur quelque chose d’aussi frappadingue. Mais, en même temps, qu’est-ce que c’est bon, ce sentiment permanent de liberté et d’inventivité sans entraves, à des années-lumière de la pop formatée qui est trop souvent la règle. La cohérence n’a pas l’air d’être le souci premier de ces six garçons. Ils touchent à différents styles avec une fraicheur et une créativité sans cesse renouvelées. C’est sûr, ils vont nous mettre la tête à l’envers et la seule chose dont on aura envie après ça, ce sera de se joindre à cette sacrément joyeuse bande de potes.

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