Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.93 : Opening

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Les heures sombres de la nuit, entre le crépuscule et l’aube, portent en elle un insaisissable parfum de mystère. A peine éveillé, les yeux ouverts mais le corps déjà balbutiant, vous errez, seul, entre les cadavres et les débris de la soirée. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois, disaient les anciens, non sans raison. Ultime survivant, le moindre geste, la moindre pensée, mobilisent toutes les facultés de votre cerveau embrumé. Mais, que vous en soyez réellement capable ou non, vous régnez. Vous régnez sur cette armée de petits soldats endormis, sur ce peuple de corps avachis. Regardez-les, ils se prosternent. Vous êtes seul maître à bord. Rescapé du naufrage, vous tenez la barre au milieu de la tempête. Le silence gronde, la pesanteur est cruelle mais, le temps d’un battement de cils, le vide se fait, réparateur et porteur de nouveaux espoirs. C’est cet instant fugace entre la chute et le ravissement que je rêve de capturer. Et celui-là aussi, quand, ouvrant enfin les paupières après un sommeil de plomb, vous entrevoyez le réconfort d’une épaule amoureuse, la promesse d’un lendemain qui chante. Ce sont ces moments-là que m’évoque la musique d’Opening.
Ne cherchez pas, à moins que vous n’ayez séjourné longtemps à Chicago ou que vous soyez un de leurs 45 fans Facebook, il y a peu de chances que vous ayez entendu parler de ce trio. Ces trois-là semblent prendre un malin plaisir à se dissimuler, à se draper dans la nuit et le brouillard. Opening, c’est une percée de lumière dans l’obscurité. Un jaillissement de beauté dans la froideur. Une électro sombre et étrange d’où s’évadent des voix angéliques. Une voix d’homme, une voix de femme, on ne sait plus vraiment. Ce chant androgyne et radieux déploie ses ailes et vient vous envelopper de toute sa chaleur. Ça s’écoute bouche bée, le regard perdu vers l’horizon, à se demander par quelle grâce on est en train d’être touché. Musicalement, ça tient plutôt de l’épure. Rien de trop, rien de surjoué. Mais sous ce minimalisme de façade, l’émotion affleure. Pure, sans détours. On n’est jamais bien loin de la perfection et, sur Bodies in Motion, on est même un peu au-delà. Je vous laisse à l’écoute de ces six joyaux et je me retire, lentement, sur la pointe des pieds…

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