J’ai entendu : Cold Pumas – Persistent Malaise

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Cette fois, c’est décidé. Le prochain qui me souhaite une bonne année – parce que, jusqu’à fin janvier, c’est encore temps – je lui crève les deux yeux avec un tournevis cruciforme et je lui pèle les organes génitaux avec une cuiller à dessert. C’est clair? Quoi? Énervé, moi? Le prochain qui me dit que je suis énervé, je lui… C’est que, depuis que le début de l’année, je tousse, j’éternue, je grelotte, je coule, je me mouche tellement que, si ça continue, Kleenex va bientôt pouvoir racheter Facebook et vous écrirez tous vos messages sur des mouchoirs en papier virtuels. Ça pourrait s’appeler, je ne sais pas moi… tiens, Nosebox par exemple. Je les vois déjà, les pontes de Kleenex, s’arracher les poils du nez en y réfléchissant. Quoi qu’il en soit, le mouchoir, c’est comme les pompes funèbres, une industrie qui ne connaît jamais la crise. Quand on considère qu’on ne meurt, en moyenne, qu’une fois mais qu’on se mouche à de très nombreuses occasions et si on ajoute qu’un mouchoir peut aussi être utilisé à d’autres fins que le simple mouchage, par exemple la confection d’antisèches pour les examens ou le séchage de larmes causées par un chagrin d’amour, ça m’a tout l’air d’un business juteux. Entre moi et ma grippe, les étudiants et leurs partiels, et le chanteur des Cold Pumas et sa déception amoureuse, c’est même carrément le jackpot. Le premier album du trio de Brighton Cold Pumas s’intitule Persistent Malaise. Et c’est, de loin, le disque qui illustre le mieux le mois de janvier détestable que je viens de passer. Dans la brume et les mouchoirs.

Ce n’est pas que le disque soit mauvais. C’est même tout le contraire. C’est le genre d’albums qui vous laisse dès la première écoute une impression très forte, le sentiment d’être pris dans une spirale dont vous ne pourrez plus vous sortir. Vous vous sentez comme vidé de votre énergie, témoin impassible et improbable d’un tourbillon d’émotions fortes et contraires. Le leader du groupe, Patrick Fischer, tire en musique et en textes, le bilan d’une relation échouée, du naufrage d’un amour. L’album charrie son lot de haine, de violence et de frustration mais, parfois, quand on ne s’y attendrait presque plus, surgit une étincelle fugace d’espoir entraperçu. Persistent Malaise porte bien son nom. Les rythmiques fiévreuses et les juxtapositions de textures contribuent à maintenir une tension permanente de la première à la dernière seconde. Seules la chaleur et la délicatesse de la voix parviennent à maintenir la tête de l’auditeur hors de l’eau. C’est d’ailleurs ce contraste qui rend le disque tellement passionnant et le met à l’abri des écueils de la redite. Sans un minimum de couleur vocale pour animer ce paysage grisâtre et dévasté, les compositions des Cold Pumas auraient tôt fait de passer pour un habile hommage à Joy Division. On ne sait pas si Patrick Fisher s’est finalement remis de sa rupture mais ce qui est certain, c’est qu’il en sera sorti un très grand disque. En tout cas, depuis que je l’ai écouté pour la première fois, cet album me colle aux basques et je n’arrive toujours pas à m’en remettre.

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