Hopla Geiss – Ep.14 : John Wayne & the Blue Sheep

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Accoudé nonchalamment au comptoir du bar, je sirote une bière fraîche en ne pensant à rien. Ou, en tout cas, à pas grand-chose. Court moment de détente, peut-être mérité. Anodin, en apparence. Sauf que mon facétieux collègue, pris d’une subite impulsion, dégaine son appareil et ajuste son objectif sur moi. Chapeau vissé sur la tête, regard morose, je fixe l’horizon, par-delà l’épaule du photographe, comme si je savais déjà que c’est là-bas, au loin, que tout se passe. Cowboy des villes, anonyme dans l’ultra-moderne solitude des foules, je noie ma soif d’héroïsme dans ces quelques gorgées. Je voudrais courir, chevaucher, voler. Mais je suis immobile. Parfaitement immobile. Qu’on me donne un peu d’air pur, de grands espaces et, si le destin m’est clément, à la force de mes poings, je deviendrai John Wayne. Je n’aurai peur de rien, ni de personne. Et, s’il le faut, je dégainerai mon arme et bang ! entre les deux yeux, je ferai taire les fâcheux. Tout est si terne ici et, Nietzsche a bien raison, sans musique, le vie ne vaut d’être vécue. La musique est la seule porte vers de nouveaux territoires, vers de nouveaux westerns. John Wayne est là, devant moi, multiplié par quatre et accompagné d’un mouton bleu. Non, ce n’est pas un rêve, non je n’ai pas abusé de substances illicites. 
Il doit être quelque chose comme 22 heures, ce mardi, quand John Wayne & the Blue Sheep monte sur scène. Finaliste du Tremplin Musiseg, organisé par un groupe d’étudiants de l’ISEG Business School de Strasbourg, le quatuor égrène ses compositions chamaniques. A force de tirer sur la calumet de la paix, ils en ont sorti un rock embrumé et nerveux. Les guitares et les voix s’entrechoquent et, d’un instant à l’autre, la traversée paisible se mue en une cavalcade infernale. Chant éraillé par une fréquentation excessive des saloons, son crade comme s’il venait de se rouler dans la poussière, le set des quatre cowboys est un western moderne pour l’auditeur égaré. La musique de John Wayne & the Blue Sheep apparaîtra peut-être inhospitalière aux froussards et aux casaniers. Mais ceux qui, plus téméraires, braveront les dangers pour s’y aventurer plus avant, pourraient bien trouver un nouvel eldorado. Mêlant funk, jazz, blues, le tout saupoudré de violents éclairs électriques, l’univers du groupe est à la fois riche et singulier et, même si l’ensemble est encore perfectible, leur prestation laisse entrevoir de belles promesses. Promesses confirmées par une écoute attentive de leur Myspace. Avec un EP qui se profile, retenez bien leur nom car, à mon avis, ces quatre-là n’ont pas fini de nous surprendre.

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