Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.99 : Blanche as a Name

Browse By

Le duo folk Blanche as a Name chante l’envers du décor des contes de fées. Une révélation.

Ami lecteur, j’ai vu une fée, il était une fois. J’ai vu une fée, il était une fois, qui avait du plomb dans l’aile. Elle s’est posée sur mon épaule et s’est mise à pleurer. Des larmes de sang coulaient le long de son visage et pleuvaient, en infimes gouttelettes, sur ma chemise blanche. Son aile gauche, déchirée, ressemblait à un vieux rideau mité. Elle s’est approchée de moi et, de sa petite voix fluette, s’est mise à murmurer ses secrets à mon oreille. “Toi qui, m’a-t-elle dit, sais si bien raconter les histoires, apprends la mienne. Ainsi, par ta voix, la vérité éclatera. Les contes de fée n’existent pas. Ces histoires, c’est moi qui les ai inventées et, la faute à ces humains assez bêtes pour les avoir crues, elles ont vécu jusqu’à aujourd’hui. Mais, dans la vraie vie, je n’ai pas su les sauver… Regarde.” Et alors, je vis. Cendrillon, en guenilles, éternel souffre-douleur. Blanche-Neige, overdose empoisonnée. Et la Belle au Bois Dormant, perfusée, plongée dans un coma profond. “D’autres que toi connaissent la vérité et l’exprimeront eux aussi à leur façon. Quand tu les croiseras, tu les reconnaîtras”, ajouta-t-elle dans un ultime souffle de vie. Quelques jours plus tard, je recevais un message de Blanche as a Name.

Blanche as a Name

Blanche. Comme Blanche-Neige. Comme un prénom. Rien de plus. Car ici tout est gris. Taché. Maculé. On a beau essayer de croire pour se rassurer, pour supporter le poids des maux, mais il faut se rendre à l’évidence. C’est peine perdue. Qu’on le dise avec des mots ou en musique, le constat est le même. Imparable. Il y a quelque chose de pourri dans le royaume enchanté. La musique de Blanche as a Name, c’est le ver dans la pomme. C’est l’eau calme et limpide qui se trouble. Le ciel bleu azur qui passe au gris sombre et menaçant. La naïveté originelle fait place au désenchantement. Comme si toute beauté portait en elle le poids de ses maléfices. Le plus troublant, dans tout ça, c’est que Bénédicte et Sébastien sont suffisamment astucieux pour estomper les frontières. Le blanc et le noir se mélangent pour faire du gris, créant une atmosphère étrange et tendue. Entre ravis de la crèche psalmodiant et malades d’amour pleurant leur désespoir, le folk contemporain manque parfois cruellement de nuances. C’est là que Blanche as a Name fait la différence avec son univers à la magie détraquée. Pénétrer dans leur monde, c’est accepter de se mettre en danger pour toucher du doigt la beauté. C’est une expérience qui laissera des traces indélébiles mais dont vous sortirez grandi. Une vraie révélation.

3 thoughts on “Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.99 : Blanche as a Name”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Afficher les boutons
Cachez les boutons