Les trésors cachés – Ep.2 : Gorky’s Zygotic Mynci – Gorky 5

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A l’orée d’affronter le Pays de Galles dans une joute virile autour d’un ballon ovale et capricieux, il était temps de se pencher sur ce petit pays dont, il faut bien le reconnaître – je ne sais pas pour vous, mais, en tout cas, moi – je ne savais pas grand-chose. On y pratique le rugby ou, à défaut, on le regarde dans un pub en s’efforçant de descendre sans sourciller des litres de breuvages solidement houblonnés. Voilà à peu près tout ce que je connais du Pays de Galles. C’est peu, vous en conviendrez. Il me fallait donc continuer mon investigation. Un coup d’oeil sur le site de l’office touristique gallois m’apprend qu’il s’agit – ouvrez les guillemets – d’un petit pays à forte personnalité, porteur d’une riche histoire, bercé par sa propre musique et ses propres contes, habité par un peuple fier de sa différence, vivant en harmonie avec la nature et la mer – fermez les guillemets. Paroles, paroles, pensai-je. Rien de mieux qu’une illustration pour mieux saisir l’essence d’un pays! A grand peine, je réussis à dénicher la photo d’un autochtone, symbole de la tradition millénaire de bienveillance et d’hospitalité de cette contrée austère. Un garçon charmant, si vous saviez!, un tantinet rustique, un rien intimidant, mais charmant vraiment…(là, je prie pour qu’il ne lise jamais cette chronique!)
Finalement, c’est bien connu. Comme le disait mon arrière-grand-mère, et sûrement la vôtre aussi, la musique adoucit les mœurs et rapproche les peuples. Je dois bien avouer que le son de la cornemuse me donne la même irrépressible envie de m’enfuir en courant que si j’étais poursuivi par l’aimable jeune homme ci-dessus photographié. En cherchant bien, il devait forcément y avoir quelques célébrités musicales représentatives du Pays de Galles. Tom Jones ou Bonnie Tyler ne me semblant pas trop à même d’incarner l’essence de ce peuple de vaillants guerriers celtes, je dus pousser plus loin mes recherches
C’est alors que je me souvins d’un obscur groupe découvert quelques années plus tôt – je me demande où j’avais encore bien fourrer mon nez pour dénicher ce groupe au nom imprononçable: Gorky’s Zygotic Mynci. Un morceau en particulier me revenait en mémoire. Il avait pour titre Theme from Gorky 5, une sorte de valse rock à la russe au tempo endiablé. Probablement l’une chansons les plus remarquables que j’aie jamais entendue. Voilà un groupe qui, de toute évidence, ne cherchait pas à devenir célèbre. Sinon, ils auraient commencé par changer de nom et se seraient contentés de chanter des petites bluettes pop en anglais. Au lieu de ça, ces zigotos se permettaient toutes les audaces, explorant des territoires musicaux éclectiques et s’offrant même le luxe de chanter en gallois sur plusieurs titres de l’album.
Sorti en 1998, l’album Gorky 5 est un bon compromis entre des instants de folie créatrice jubilatoires comme ce Theme from Gorky5 ou encore Sweet Johnny et des ballades hypersensibles comme Tsunami ou Only the Sea Makes Sense. Une élégance toute british qui confine parfois au dandysme et puis, d’un coup, une explosion venue de nulle part d’un morceau à l’autre ou parfois même au sein d’une même chanson. L’unité de l’album tient à la présence continue du violon qui a souvent valu au groupe l’étiquette folk. S’il s’agit de folk, alors c’est un folk complétement foutraque tant les splendides arrangements de cordes sont souvent bousculés par un déferlement rythmique ou une embardée psychédélique.
Il y a, il me semble, chez Gorky’s Zygotic Mynci, un peu de l’âme du Pays de Galles. La fierté d’un peuple, symbolisée par ces quelques morceaux chantés en gaélique. Les échos des contes et légendes celtiques. A certains moments, on croit même entendre la mer qui se déchaîne. Un groupe assurément extraordinaire au sens premier du terme et, en tout cas, largement sous-évalué. Leur discographie regorge de trésors insoupçonnés. Gorky’s Zygotic Mynci, c’est un peu comme un ballon ovale, qu’on peinerait à contrôler mais qui, dès lors qu’on transforme l’essai, nous emmène loin au-dessus de la mêlée. Et quoi qu’on en dise, c’est bien mieux que France Gall (OK, c’est bon, j’ai compris, je sors…)

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