Kasabian fait partie de ces groupes qui, en quelques disques, se sont imposés comme des valeurs sures du rock d’outre-manche. Leur deux derniers albums ont atteint les sommets des charts britanniques. Et pourtant, leur précédent opus, West Ryder Pauper Lunatic Asylum, album expérimental et psychédélique, du propre aveu de Sergio Pizzorno, le guitariste-compositeur du groupe, n’était pas prédestiné à un large succès commercial. Par conséquent, Kasabian était attendu au tournant, d’autant que les déclarations tapageuses et arrogantes des membres du groupe ont parfois de quoi agacer. 

Autant le dire d’emblée. Alors que j’avais été relativement déçu par le dernier Arctic Monkeys, Kasabian confirme avec Velociraptor! qu’ils sont désormais le plus grand groupe de rock britannique des années 2000. Loin de se reposer sur le succès inattendu de West Ryder Pauper Lunatic Asylum, le groupe de Leicester va dans une tout autre direction, ou plutôt dans plusieurs autres directions. Sergio Pizzorno semble bien avoir compris que, vu la notoriété du groupe, il pouvait se permettre toutes les excentricités. Quand certains se limitent aux recettes qui ont fait leur succès, Kasabian se prend le luxe d’explorer de nouvelles orientations musicales. Ils deviennent ainsi le groupe du 3ème millénaire par excellence. Capable aussi bien de manier et de mélanger rock à guitares, musique psychédélique, électro et hip-hop, voire même musiques orientales, dans des compositions exigeantes et raffinées, Kasabian surprend, prend de cours parfois, prend le risque de déplaire mais on ne se plaindra pas qu’un groupe au sommet de son art fassse un tel usage de la liberté qui lui a été conférée.

Les plus grincheux se plaindront certainement du manque d’unité de Velociraptor! C’est méconnaître ce qui fait la richesse d’un groupe. Combien de disques se contentent répéter dix ou douze fois le même morceau? Écoutez Fleet Foxes et vous mourrez d’ennui au bout de trois pistes tellement c’est barbant…(Barbant, Fleet Foxes, j’espère que vous avez ri…je ne l’avais même pas fait exprès). Au moins, avec Velociraptor!, on va de surprise en surprise. Kasabian ose tout sans jamais lasser. Ils parviennent à conserver un très haut degré d’exigence et à exceller dans tout ce qu’ils font. En dépit d’influences et d’orientations variées, l’album conserve une efficacité étonnante. A tel point que même mon fils, qui n’a pas encore un an, est venu coller ses oreilles aux enceintes de la chaîne et s’est mis à se trémousser au rythme de la musique. Certes, cet enfant est à bonne école en matière d’initiation musicale mais, si j’en crois son enthousiasme, Kasabian a encore de belles années en perspective. Ils avaient annoncé à qui voulait bien l’entendre que Velociraptor! allait devenir un classique. Arrogance ou lucidité? Moi, j’ai ma petite idée, je vous laisse vous faire la vôtre…