Les trésors cachés – Ep.7 : Carney – Mr. Green, Volume 1

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Ça ne vous aura pas échappé. Je suis un gros consommateur de musique. Chaque matin, je guette avec impatience le passage du facteur, qui vient m’apporter de quoi épancher ma mélomanie maladive. La numérisation de la musique ayant facilité la découverte de nouveaux groupes, je peux m’en donner à cœur joie. A la découverte sur le Net succède le plus souvent l’achat du support physique. Il y encore une partie de moi qui reste rétive au tout numérique. J’ai beau savoir que les artistes ne touchent presque rien sur les ventes de disques, rien n’y fait. Il faut que j’aie l’objet en main, que je me batte pour retirer l’emballage plastique, que je détaille le visuel de la pochette, que je compulse le livret, les paroles, les remerciements. Un petit rituel immuable qui me procure toujours le même plaisir naïf et enfantin. Chaque jour, j’ai l’impression de recevoir un nouveau cadeau. Hier soir, une enveloppe blanche m’attendait sur la table du salon. Je déballe patiemment, apprivoise l’objet, m’imprègne de toute l’atmosphère visuelle qui l’entoure avant de l’insérer dans mon lecteur et d’appuyer sur la touche Play. Et les premières notes de Mr. Green, Volume 1 de Carney jaillissent des enceintes.
Carney a, c’est selon, tout pour plaire ou tout pour agacer. Le chanteur et leader du groupe Reeve Carney, arbore une petite frimousse angélique qui provoque immanquablement des défaillances parmi les groupies du premier rang. Il a l’attitude et la gouaille de celui à qui tout réussit. Annoncé comme une étoile montante de Broadway, choisi pour incarner Jeff Buckley dans un film consacré au chanteur, il fait partie de cette nouvelle génération d’artistes au talent multi-formes. Parce que le pire, c’est qu’il est pétri de talents. Reeve est un chanteur exceptionnel, à la voix tantôt puissante, tantôt cajolante, doublé d’un habile compositeur. A l’écoute de Mr. Green, on se dit que le directeur de casting pour le biopic sur Jeff Buckley n’a pas dû hésiter longtemps. Peu de chanteurs sont capables d’une telle amplitude vocale. Il faut dire aussi que le groupe lui offre un terrain de jeu à sa mesure. 
Car Carney ne se limite pas à un style musical unique mais fait preuve d’un éclectisme qui permet à Reeve d’exprimer toute la palette de son talent. Magnifiquement servi par son propre frère, guitariste hors du commun et arme secrète du groupe, et par une section rythmique d’une efficacité remarquable, Carney revisite aussi bien le rock des années 60-70 à la Led Zeppelin que les envolées queenesques. On pourra toujours leur reprocher un manque de cohérence stylistique mais ils mettent dans tout ce qu’ils entreprennent une telle fougue et une telle dose de talent brut qu’on ne peut que leur pardonner. Pris individuellement, chacun des morceaux est un petit chef-d’œuvre de dépoussiérage des influences du groupe, ce dont personne ne devrait se plaindre. Écoutez par exemple Amelie et ses guitares jazzy, vous ne pourrez que succomber au charme qui s’en dégage. Les performances live de Carney montrent bien que c’est un groupe à ne pas négliger. S’ils parviennent à s’affranchir davantage de leurs influences et à affirmer une identité propre, ils pourraient fort bien s’imposer comme l’un des grands groupes de rock des prochaines années.

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