J’ai entendu : Water Music – Ships

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Où il est question de dernière bouchée de soleil, de navires réels ou imaginaires, de déchirer les masques et d’entrevoir la beauté..

Au loin, l’horizon avale une dernière bouchée de soleil. Le ciel rougi va bientôt se glisser sous ses couvertures. Des promeneurs, en groupes ou solitaires, marchent sur la plage. A mesure que la nuit gagne du terrain, ils ralentissent le pas. Dans l’immensité muette, on entendrait presque les battements de leurs cœurs. Un peu plus loin, à l’abri des regards importuns, ils s’arrêtent et se débarrassent doucement de leurs vêtements.

Ils sont presque nus sous le soleil couchant, mais, avant de se jeter à l’eau, avant d’embarquer sur des navires réels ou imaginaires, il leur reste une dernière chose à faire. Déposer sur le sable les vestiges des jours passés. Abandonner toute marque de coquetterie inutile. Alors, ils portent la main à leur visage et, d’un geste assuré, déchirent les masques qui étouffaient leur peau.

La nuit avale le jour. L’atmosphère se rafraîchit un peu. Le temps marche au ralenti. C’est l’heure à laquelle les ombres sont les plus grandes. C’est la fin et le début d’autre chose.

Water Music Ships cover

C’est l’heure à laquelle les chansons de Water Music s’évadent de la chambre où elles ont été composées. Échappant à leur créateur, elles s’enfuient par les volets mi-clos, par les portes entrouvertes. Et, depuis Melbourne, portées par le vent, elles se glissent jusqu’à moi. A l’autre bout du monde, MJ Barker, j’entends les battements de ton cœur.

Pourquoi suis-je tellement ému par Water Music ? Est-ce parce que, moi aussi, je suis fait de cette eau dont on fait les hommes, les rivières et les océans ? Est-ce parce que MJ Barker va chercher la lumière dans les recoins les plus sombres ?

Dernière lueur en date dans la discographie hautement recommandable de l’Australien, l’album Ships, composé en hommage à sa sœur suicidée, est aussi troublant que touchant. “Parce que je ne sais rien faire d’autre”, affirme Barker, en toute humilité. Et pourtant, ce qu’il faut de force pour aller débusquer l’espoir là où il est en train de se faire la malle, pour entrevoir la beauté où tout n’est que ténèbres.

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